Le culte de la Liberté

Le culte de la Liberté

jeudi 24 octobre 2019

12 semaines ? 18 ?


Le parlement belge est en train de délibérer sur une éventuelle dépénalisation de l’avortement ou, si cela n’est pas encore possible, d’en augmenter le délai de 12 semaines à 18 semaines (ou plus), et de ramener le délai de réflexion de 6 jours à 48 heures. L’idée est de s’approcher davantage de la pratique dans les pays limitrophes. Pour rappel, la loi autorisant l’avortement date d’avril 1990 et elle a été modifiée en 2018, lorsqu’on a voté une dépénalisation partielle.
Puisqu’il s’agit d’une question d’éthique, on devrait pouvoir voter en son âme et conscience. Il faudrait profiter de l’absence d’un gouvernement et former une majorité progressiste autour de ce dossier.
La vraie question éthique a été tranchée en 1990. On se rappelle le refus du roi Baudouin de signer cette loi. Pourquoi était-ce la vraie question éthique ? Parce qu’on a enlevé à l’être humain en gestation sa protection juridique absolue. Avant, un avortement était considéré comme un meurtre : il tue un être humain. A partir de là, l’embryon ou le fœtus est devenu un amas de cellules dans le ventre de la maman. Il appartient à la femme, et à elle seule, de décider de ce qu’elle fait avec son corps, elle est “baas in eigen buik”, chef de son propre ventre.
Aujourd’hui, on invoque l’argument de la viabilité. Avant 18 semaines, l’enfant à naître n’est pas viable. Or, la viabilité est un concept flou. Par exemple, un astronaute qui sort de la station spatiale n’a aucune viabilité, à moins de porter un scaphandre encombrant. La station spatiale est comme un utérus dans lequel l’être humain est apte à vivre. Mais s’il sort sans sa couveuse de scaphandre, il n’a aucune viabilité. Il en est ainsi de l’embryon ou du fœtus. Hors de l’utérus protecteur, il n’est pas viable. Faut-il donc dire qu’on est une personne à partir du moment où l’on est viable ? Non, car la “viabilité” est toujours fonction de l’environnement, de la technologie à votre disposition et de votre capacité à en user efficacement. En plus, le concept de la viabilité nie une évidence : l’embryon ou le fœtus est en vie. Il n’est pas apte à vivre car il vit déjà. Il est déjà un être humain distinct de sa mère. Son capital génétique est fixé dès la conception et est très différent du capital génétique de sa mère. Il n’a pas nécessairement le même groupe sanguin. Son cœur ne bat pas au rythme de celui de sa mère, et il se met à battre dès la sixième semaine depuis la conception. Il est quelqu’un, et non quelque chose. Dans son environnement protégée il est parfaitement viable, tout comme l’astronaute dans son scaphandre.
Autrement dit, un avortement tue toujours quelqu’un. La vraie question éthique s’est donc posée en 1990. En légalisant l’avortement, on a décidé que jusqu’à un moment précis – ou flou – cet être humain n’est plus qu’un amas de cellule, une tumeur, une chose, selon le vocabulaire de la personne à qui vous parlez. Avec un tel raisonnement on débranchera donc quiconque tombe dans le coma ? S’il ne peut “vivre” que grâce à une machine, il n’est plus viable et, sur la base d’un raisonnement identique, on pourrait le supprimer ?
A quel moment, un être humain devient-il une personne ? Soyons plus précis. S’il n’est pas une personne à 12 semaines, le sera-t-il à 18 ? A 24 ? A terme ? A cette question, la réponse sera toujours mauvaise. Qu’est-ce qui constitue une personne ? Notre identité propre, liée à notre ADN, et la vie. Le corps ? Mais dès la fécondation, le corps commence. Après, il n’y a que croissance. Il n’y aura pas de déclic miraculeux ultérieur qui va faire démarrer la constitution de cette nouvelle personne. Ce qui veut dire qu’avorter à 12, à 18 ou à 24 semaines n’y change plus rien. On tue une personne.
La pression pour avorter plus tard n’aboutira jamais à une décision éthique. Cette décision avait déjà été prise. Désormais, il n’y a plus que de la politique. Aujourd’hui on propose 18 semaines, l’année prochaine peut-être 22 semaines et enfin, plus tard, neuf mois. Car on voudra repousser les limites toujours plus.
Et après l’avortement jusqu’au neuvième mois, on proposera l’infanticide. Impossible ? Non, cela a déjà été proposé. D’abord par Francis Crick, qui a découvert la double hélice de l’ADN avec Watson, et qui avait dit en son temps qu’un enfant ne devrait pas être considéré “humain” jusqu’à trois jours après la naissance. (1) Plus récemment, un juge canadien, afin de justifier l’acquittement d’une femme accusée d’avoir étranglé son bébé nouveau-né et de l’avoir jeté par-dessus une clôture, dit : “nous devrions avoir de la sympathie pour les demandes lourdes de la grossesse et de la naissance” et, comme l’exprime l’éthicien Peter Singer de Princeton, “il n’y a pas de distinction exacte entre le fœtus et le nouveau-né” (2). On a déjà parlé d’avortement post-naissance. Deux professionnels de l’éthique expliquent dans un article (“Avortement post-naissance : pourquoi le bébé devrait-il vivre ?”) qu’il n’y a pas de différence logique entre l’avortement d’un bébé avant la naissance et le meurtre d’un nouveau-né. Sauf qu’ils n’appellent pas cela un meurtre parce qu’ils ne croient pas que des nouveau-nés soient vraiment des personnes. (3) Les deux “éthiciens” raisonnent que des fœtus et des nouveau-nés devraient bénéficier de la même absence de protection. Selon eux, “être seulement humain n’est pas en soi une raison pour attribuer à quelqu’un un droit de vivre”. Seule “une vraie personne” possède un “droit de vivre”.
Le moment où nous nous permettons de devenir les arbitres de la question qui est humain et qui ne l’est pas, nous arrivons à la fin calamiteuse et inévitable. Une fois que l’on dit que la vie humaine n’est pas sacrée, le reste n’a plus d’importance.
Peu à peu, la politique rétrécit les frontières de la vie. Une fois que l’on a mis son pied dans l’embrasure de la porte de la vie, celle-ci sera forcée à s’ouvrir toujours plus. En retirant le droit à la vie à une partie croissante de l’humanité, on révèle la faillite de sa propre humanité. L’aboutissement de ce processus devrait nous inquiéter. Quand notre humanité dépend de la décision politique d’autres, l’implosion de la société approche à grands pas. Quand on dévore ses propres enfants, qui pourra encore dormir tranquille ? Qui sera le prochain à être déshumanisé ?

samedi 19 octobre 2019

On n'apprendra plus la guerre


Mon nouveau livre sur la guerre et l'attitude du chrétien

Présentation du livre :

Le chrétien peut-il prendre les armes ? Être évangélique, est-ce être pacifiste ?
Pour les chrétiens évangéliques que nous sommes, le pacifisme semble pécher par naïveté. La nature profonde de l’homme n’est pas pacifique. Offensez-le, volez lui ses biens, et la guerre éclate. L’homme est un loup pour l’homme : tôt ou tard, le fauve se réveille.
Du fait que le chrétien est devenu citoyen d’un autre royaume, sa citoyenneté ici-bas sera toujours compliquée. Il est devenu un étranger chez lui. Il s’est soumis à un autre Chef et à une autre Loi. Dans un monde toujours plus militariste, quelles en sont les implications ? Que dit la Bible ?
Est-il temps de réévaluer ce qu’enseigne le Nouveau Testament en constatant où ont mené les compromis sur cette question ?
Est-il temps de recouvrer notre héritage spirituel d’artisans de paix ?
Et la peine de mort dans tout cela ?

Vous pouvez le commander aux Editions L'Oasis ou dans une librairie ou sur Amazon (le numéro ISBN est celui-ci : ISBN 978-2-36957-214-5).