Le culte de la Liberté

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vendredi 9 mai 2014

La thèraphobie : le terrorisme sémantique comme arme de la dictature ?

Franchement, j’ai difficile avec eux ! Et quand le roi d’Espagne fait du tourisme pour ça et s’exhibe avec  ses conquêtes, alors mon dégoût prend des proportions alarmantes ! Pour éviter tout malentendu, je parle de la chasse, bien sûr ! Je suis, comme on le dirait aujourd’hui, un thèraphobe. On a beau me dire que la chasse est un mal nécessaire, voir des gens tirer des éléphants ou des cerfs comme des lapins, ça ne passe pas. Je n’ai rien contre la personne du chasseur, cela s’entend, mais leur passion m’écœure.
Heureusement, nous vivons dans un monde où la thèraphobie est encore permise. Mais qu’il en vienne à l’idée des chasseurs de se plaindre contre cette affreuse discrimination dont ils sont l’objet et c’en serait fait de cette liberté. On proclamerait le troisième samedi du mois de mai, par exemple, comme la journée internationale contre la thèraphobie et on proposerait d’ajouter ce crime discriminatoire et haineux à la liste des discriminations passibles de peines sévères. On verrait bientôt des énormes “Chasse-Pride” inonder nos villes de leur bruit assourdissant, avec des chasseurs dans des postures les unes encore plus provocantes que les autres pour exorciser le mal innommable de la thèraphobie.
Tant que j’y suis, permettez que j’en dise un peu plus de cette curieuse idée qu’on puisse ainsi guérir quelqu’un de sa phobie, par une sorte d'exorcisme de masse. Imaginons une journée mondiale contre la claustrophobie. Dans une méga-procession on provoquerait tous les claustrophobes de la planète par un bruit infernal, par des représentations glauques de cages de verre remplies de gens à peine vêtus transportées sur des chars géants. Ce serait comme un retour au Moyen-âge où l’on pouvait encore croire dans l’efficacité de ce genre de procédés. Bien sûr, il faudrait recommencer chaque année, car les phobies, on le sait bien, ça repousse.
Une fois le climat propice, s’il devait encore pousser l’envie au dernier quidam de critiquer la chasse, sa thèraphobie le conduirait tout droit au tribunal.
Et dans un tel état de figure, combien de temps faudra-t-il avant de suspecter qu’il y a un gène de la chasse et combien de temps avant de sauter à la certitude de l’origine génétique de la chasse, en l’absence de toute preuve ?
Cependant, quelle différence entre la claustrophobie et la thèraphobie ! Un claustrophobe a réellement une anxiété terrifiante des espaces clos. Il souffre d’une phobie qui peut aller jusqu’à le tétaniser. Traiter une telle phobie de la manière brutale et inhumaine décrite ci-dessus serait d’une cruauté inacceptable. On ne guérit pas des phobies de cette manière !
Alors, de deux choses l’une : ou la thèraphobie est une vraie phobie et il faudrait la soigner pour que le pauvre qui en souffre ne panique pas à la vue du premier chasseur venu, ou elle n’est pas une phobie du tout. Mais dans ce cas, traiter ceux qui sont opposés à la chasse d’honteux thèraphobes n’est-ce pas développer une forme de crime institutionnalisé, une façon brutale pour faire taire toute opposition à la chasse ? Ce serait une forme de totalitarisme, de terrorisme sémantique au service de la dictature, une manière de bannir du paysage toute liberté de penser autrement.
A ce jeu, on n’aurait bientôt plus assez de jours dans le calendrier pour parader contre les phobies les unes encore plus bizarres que les autres. Vous voyez, un claustrophobe est victime de sa phobie. Il en souffre, à des degrés divers, et voudrait en guérir. Un thèraphobe ne souffre pas. Il n’est pas victime. Il est un opposant. Et seule une dictature fait taire les opposants. 

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