Le culte de la Liberté

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lundi 2 février 2015

Je suis DSK

Il y a très peu de probabilité de voir des panneaux avec ce message devant le tribunal où Dominique Strauss-Kahn se trouve devant ses juges. C’est une chose de dire “Je suis Charlie”, c’en est une toute autre de dire “Je suis DSK”, non ?
DSK a vécu sa vie selon la philosophie chère à Charlie Hebdo. Beaucoup de sexe et peu de religion. Et pas mal d’argent et de pouvoir pour s’y adonner sans trop d’inquiétude. Pourtant, bon nombre de personnes n’aimeraient pas s’identifier avec lui. Pour combien de socialistes est-il encore défendable ? Un socialiste atypique donc ? Je l’ignore !
DSK. Vous aimez les yeux des initiales ? Les lettres DSK nous rendent un tel jeu à la fois simple (tentant ?) et difficile. Le D pour Déchéance. C’est évident. Le S pour Sordide. Tout aussi évident. Mais le K rend les choses plus compliquées, comme le savent tous ceux qui jouent au scrabble. Je propose de le laisser comme il est. K pour Kahn. Kahn est un nom hébraïque. Il se rencontre aussi comme Cohen, ou Kahane. Il veut dire prêtre ou sacrificateur. Ceux qui partagent ce nom sont en toute probabilité des lointains descendants d’Aaron, le frère de Moïse et le premier Kahn d’Israël.
Quel nom et quel héritage à porter ! DSK en devient une contradiction, un choc dans les termes : la déchéance et la vie sordide d’un prêtre, appelé à rapprocher les gens de Dieu. Bien sûr, il n’est ni le premier, ni le seul dans son cas. Aaron lui-même s’était trouvé entraîné dans la calamité du veau d’or (Exode 32). Mais quand tombe le jugement, il ne meurt pas, contrairement à beaucoup d’autres. Il est épargné et devient quelqu’un de transformé.
DSK est devant ses juges. Qu’il en sorte condamné ou acquitté n’est pas mon problème et n’est pas notre affaire. Que tout cela doit être lourd à porter, on se l’imagine. La déchéance une fois exposée au regard public n’est pas une carte de visite dont on est fier. C’est étrange, non ? Nous vivons dans une culture qui juge les aventures sexuelles d’un œil bienveillant. Mais la déchéance et la sordidité ne sont pas près d’être populaires. Sans doute preuve de notre hypocrisie naturelle qui, à moins d’être corrigée par le Christ, finira par nous hanter.
Je suis DSK. Héritier potentiel d’un destin fabuleux : connaître Dieu et être à son service pour le bien de l’humanité. Mais la déchéance m’a atteint, moi aussi. Je ne suis pas meilleur, même si j’ai eu des moyens plus restreints pour me vautrer dans ma déchéance. Mais la même maladie m’a frappé. Sordide ? Le jour viendra où ce mot m’atteindra comme une flèche empoisonnée. Où je verrai ma vie à la lumière du Juge de l’univers. Où devant sa sainteté absolue et terrifiante je verrai ma petite vie si convenable comme elle était vraiment.
Pour DSK, ce moment de lucidité a-t-il sonné ? Je ne peux que l’espérer. Je ne peux que lui souhaiter de connaître le sort de son ancêtre, le Kahn Aaron. Parce qu’il a eu une seconde chance ? Non. On n’a qu’une chance parce qu’on n’a qu’une vie. Quand sonne notre dernière heure, c’est fini. L’heure du bilan aura sonnée. Jusque là, tout peut basculer. Le Christ Juge peut devenir le Messie Sauveur et transformer notre vie. Tout Kahn peut devenir un médiateur entre Dieu et les hommes une fois qu’il a  rencontré le grand Médiateur. Toute déchéance et toute sordidité peuvent être lavées. DSK ne serait pas le premier à le découvrir. Car nous sommes beaucoup de DSK. Et le Messie d’Israël, Jésus, a eu pitié de nous.

Je ne suis pas Charlie. Mais j'étais DSK.

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