Le culte de la Liberté

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mercredi 2 mars 2022

On n’apprendra plus la guerre


En 2019 est apparu mon livre "On n'apprendra plus la guerre" avec pour sous-titre : Vers un pacifisme chrétien.

Devant l'actualité brûlante, il est peut-être opportun d'en citer deux extraits. Dès que nous avons l'impression qu'un conflit oppose David à Goliath, notre sens inné de la justice nous pousse à des sentiments facilement violents. Nos media ne font qu'aiguiser ces sentiments. Mais ce sont les mêmes media qui nous ont vendu les mensonges autour du Covid et qui continuent à le faire. Et cette "guerre-là" a fait combien de millions de morts ?

Notre attitude ne devra pas être déterminée par les circonstances ou par les media. Elle doit être fondée sur la Parole de Dieu.

Dans le chapitre sur les objections, je reviens sur onze objections contre la thèse de mon livre. En voici deux. On peut trouver mon livre ici : https://editionsoasis.com/produit/on-napprendra-plus-la-guerre/.


Dieu n’est pas pacifiste

Assurément, il est impossible d’enfermer Dieu dans nos catégories humaines. Dieu n’est ni à droite, ni à gauche. Il n’est ni socialiste, ni libéral. Il est Dieu. Il n’est donc pas pacifiste.

On pourrait même, et sans difficulté, aligner un grand nombre de textes de l’Ancien Testament et de l’Apocalypse, et conclure que, tout comme Dieu se sert de moyens de contrainte pour punir le mal, de même nous devons utiliser des moyens de contrainte pour punir le mal. Si cela était exact, la guerre serait un moyen légitime en dernier recours, et dans ce cas, la théorie de la guerre juste serait celle que préconise la Bible.

Mais nous allons un peu vite en besogne ! Tout d’abord, nous ne pouvons limiter notre connaissance de Dieu à cela ! Et même là, notre connaissance risque d’être défaillante. L’Ancien Testament révèle la grande patience de Dieu devant le mal. Par exemple, il annonce à Abraham que ses descendants seront esclaves en Égypte. Pourquoi ? “À la quatrième génération, ils reviendront ici; car c’est alors seulement que la déchéance morale des Amoréens aura atteint son comble.” (Genèse 15.16) Dieu accepte l’énorme souffrance de son peuple pendant qu’il patiente avec des Amoréens pas encore assez corrompus ! Et ce n’est pas une exception. Il laisse David se morfondre dans le désert en patientant avec Saül. Il laisse Achab persécuter les croyants de son époque et va jusqu’à lui faire grâce dès le premier repentir : “As-tu vu comment Achab s’est humilié devant moi ? Parce qu’il s’est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le malheur pendant sa vie, ce sera pendant la vie de son fils que je ferai venir le malheur sur sa maison.” (1 Rois 21.29) Et pendant ce temps, Jézabel continue son règne de terreur.

Alors, prendre ce Dieu comme exemple pour excuser notre hâte à verser le sang de nos ennemis est peut-être un peu présomptueux ! Il est un Dieu lent à la colère, prompt à faire miséricorde. Il est patient avec ses ennemis et sévère avec ses amis.

Cependant, oui, il est le Vengeur des siens ! Oui, il se sert de sa grande puissance pour terrasser ses ennemis. Oui, le jugement est terrifiant pour quiconque le met au défi. Mais en rien il ne peut être comparé aux hommes si prompts à prendre les armes en croyant que Dieu le veut.

Il y a un autre problème avec notre connaissance de Dieu. Elle oublie un peu trop facilement que Dieu s’est révélé dans toute sa profondeur en son Fils. Avant de pouvoir invoquer Dieu comme celui qui nous autorise à prendre les armes, nous devons considérer comment son Fils nous le révèle. Si notre comportement jure avec l’enseignement et le modèle de Jésus, nous ne pourrons invoquer l’Ancien Testament comme justification de nos attitudes. Jésus doit être notre critère. Sans cela, notre foi et notre religion ne seraient plus chrétiennes.

Il y a un autre problème, qui nous concerne nous. Qui sommes-nous pour prétendre que notre analyse et notre conclusion sont justes ? Possédons-nous la sagesse de Dieu pour décider que la violence à laquelle nous pensons recourir est juste devant lui ? Combien de décisions de ce genre révèlent notre indépendance plutôt que notre dépendance de lui ? Combien d’idolâtrie se cache derrière notre orgueil ? Pouvons-nous réellement mêler le Dieu de la Bible à nos exploits militaires ? Car le Dieu des armées n’est pas pour autant le Dieu de nos armées ! Et nous, ses enfants, devrions le savoir !

Dieu n’est pas pacifiste. C’est une évidence. Il est Dieu.

 

Il faut défendre les siens !

En parlant d’Ambroise de Milan, j’avais cité cette parole : “Celui en effet qui ne repousse pas l’injustice loin de son compagnon, alors qu’il le peut, est en faute tout autant que celui qui l’accomplit.”

L’argument revient à dire ceci : Tout comme sur le plan personnel je dois défendre les miens lorsqu’ils sont attaqués, de même je dois aussi les défendre quand l’ennemi menace mon pays. Il n’est donc pas chrétien de les abandonner à leur sort en ne pensant qu’à moi.

Cela appelle plusieurs remarques.

Tout d’abord, le Nouveau Testament ne dit rien sur la première partie de cet argument, sauf d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Quand quelqu’un se fait attaquer, le chrétien ne peut se maintenir à distance en invoquant des raisons pieuses. Au risque d’y perdre la vie, il doit venir à leur secours. Cela s’applique autant lorsque la peste décime la population, comme par le passé, que lorsqu’il voit que son prochain se trouve agressé par un ennemi. S’il peut faire quelque chose, il doit le faire.

Cela s’applique aussi au loin, quand je découvre la souffrance de mon frère et que j’y peux quelque chose. C’est mettre en pratique ce qu’enseigne la Bible : “Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi.” (Galates 6.10)

Mais ce texte de Paul semble aussi indiquer une limite. Je dois pratiquer le bien. Il serait bien plus discutable de faire le mal pour secourir mon prochain.

Venir au secours de mon prochain, cela implique-t-il que je doive m’engager en tant que soldat ? Intervenir dans une situation sur le plan personnel est une chose, le faire sur le plan national, voire international, en est une toute autre ! Pourquoi ? Parce que ma liberté d’action est aussi vite soumise à la conscience d’un autre. Et je ne dois pas laisser un autre être le maître de ma conscience. “Pourquoi, en effet, ma liberté serait-elle jugée par une conscience étrangère ?” (1 Corinthiens 10.29; Paul parle ici de la question des viandes sacrifiées aux idoles, ce qui n’est bien sûr pas du tout la même question, mais on peut très bien l’appliquer ici)

Dès qu’un chrétien s’enrôle comme soldat, il est sous les ordres de l’État qui juge ses affaires sans Dieu, sans chercher l’intérêt d’un autre – qui que ce soit – et qui n’est préoccupé que par ses propres intérêts, qui peuvent être diamétralement opposés aux intérêts de son propre peuple, et qui ne correspondent que très rarement aux intérêts de l’Église de Jésus-Christ.

En plus, nous l’avons déjà vu, le chrétien ne sait jamais quand, comment et jusqu’où il se fait manipuler par l’État. Tout État trouve des hommes en uniforme pour exécuter ses sales besognes. Tout État est fort capable d’habiller ses crimes de telle façon que le bien devient mal et le mal bien.

Si un chrétien décide que c’est quand même son devoir de s’enrôler pour protéger les siens, où va-t-il mettre les limites ? Comment va-t-il s’y prendre pour ne pas les dépasser ?

J’ai déjà cité de nombreux témoignages sur ces choses, et sur le pouvoir corrupteur de la guerre. Laissez-moi ajouter quelques questions inspirées par les guerres modernes.

-        Si le soldat que je suis est affecté à l’Armée de l’Air et que je doive effectuer le bombardement par le feu d’une grande ville, dois-je obéir ?

-        Si je dois lâcher une bombe atomique sur une ville, dois-je obéir ?

-        Si je dois participer à une guerre qui ne sert que les intérêts économiques de mon pays, dois-je obéir ?

-        Si l’Alliance dans laquelle mon pays est engagé, et qui éloigne encore le centre de décision des autorités nationales, ordonne pour ses raisons à elle une intervention militaire que je ne saurais approuver en ma conscience chrétienne, dois-je obéir ?

-       

Il y a un autre problème avec ce genre de raisonnement (il faut aider son prochain à qui on fait la guerre en entrant moi-même dans la guerre). Ce n’est qu’un raisonnement. Cela n’est soutenu par aucun texte biblique clair. Ce n’est que de la logique humaine, et donc une logique de pécheur. Et une telle logique m’amènerait à désobéir à la loi du Christ ? Ne devons-nous pas être sur nos gardes de peur qu’un simple raisonnement remplace l’enseignement clair de l’Écriture ?

Acceptons-le, la guerre – et à fortiori la guerre moderne – nous dépasse de loin et fait intervenir des intérêts qui nous échappent totalement. Elle obéit à des raisonnements qui sont ceux de ce bas monde. Que ces raisonnements soient bons ou mauvais, en tant que chrétiens ils ne sont pas de notre ressort. Nous avons une autre mission. Et notre protection en accomplissant cette mission est du ressort de notre Maître.

Notre vocation n’est pas de perpétuer tant que faire se peut l’État moderne dans lequel nous vivons, et qui devient de plus en plus ouvertement anti-chrétien. Mais si nous croyons que cela est malgré tout notre responsabilité, nous, ou nos enfants, nous finirons par nous laisser un jour enrôler dans les armées de l’Antichrist aussi sûrement que les chrétiens allemands se sont laissés enrôler dans les armées de Hitler, sans même que nous en soyons conscients. Ne nous laissons pas piéger par le marketing politique. Pour l’éviter demain, efforçons-nous de le discerner aujourd’hui.

Une fois de plus, laissons les morts enterrer les morts. Notre tâche est d’annoncer le royaume de Dieu.

 


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