Dans une interview à l’occasion de son entrée à l’Académie royale de Belgique, en mars 2014, le site internet de celle-ci (http://www.academieroyale.be/) a posé entre autres la question suivante à Emmanuelle Javaux, professeur ordinaire, présidente du département de géologie à l’Université de Liège, directrice du laboratoire de paléobiogéologie, de paléobotanique et de paléopalynologie. Voici sa réponse à la question suivante :
Y a-t-il une finalité ou les choses ont-elles évolué de manière plus hasardeuse et plus contingente comme le suggère Stephen Jay Gould dans La vie est belle – Les surprises de l’évolution en parlant de décimation plutôt que de diversité croissante ou d’évolution vers la complexité ? Et à la question de savoir pourquoi les hommes existent, il répond : parce que Pikaia (un petit poisson à corde dorsale) a survécu à la décimation ! Peut-on parler d’imprévisibilité ou d’improbabilité dans l’évolution ? La nature est-elle, somme toute, anarchique et sans dessein ?
C’est cela l’évolution ! Il y a des extinctions mineures puis des extinctions massives où plus de 60 % de la diversité disparaît. Cela arrive par hasard. Il n’y a donc pas de direction vers quelque chose de mieux. Il n’y a rien qui soit mieux qu’autre chose ! Souvent, j’ai l’impression qu’on confond la valeur d’une vie humaine avec quelque chose de plus évolué et de plus complexe. Non, il n’y a pas quelque chose de plus évolué qu’autre chose, par exemple qu’une bactérie ! Même s’il y a complexification dans la matière, on a tendance à mettre l’humain au-dessus de la vie alors que c’est un petit maillon dans les animaux eucaryotes, l’une des trois branches de la vie ! Nous ne sommes qu’une espèce dans la diversité du vivant mais une espèce qui a beaucoup d’impact sur les autres espèces !
D’ailleurs, souvent, lorsque je rencontre des gens lors de mes conférences, ils veulent qu’il y ait un sens, qu’on aille vers un mieux et que l’homme en soit le sommet. Je leur réponds que non, que c’est la nature et que nous ne sommes là que par hasard, qu’il n’y a pas de sens. Comme s’il fallait que tout ait un sens et que tout aille vers un mieux ! Vous pouvez donner n’importe quel sens à votre vie, cela n’a rien à voir avec notre biologie, avec notre place dans l’évolution et notre présence sur la planète. D’ailleurs, la majorité de la vie sur la terre est faite d’une cellule mais on ne la voit pas.
Voilà
ce qui a l’avantage d’être clair, et il faut savoir gré à la professeure de
fermer toutes les issues : “… c’est la nature et … nous ne sommes là que
par hasard, … il n’y a pas de sens.” C’est cela l’évolution ! Hasard,
matière et temps, rien d’autre. Donc, et elle a bien raison, dans ce cas, pas
de sens. Cela ne nous convient peut-être pas comme vérité, mais la science n’a
que faire de nos convenances.
Aujourd’hui,
on cherche trop souvent à adoucir cette vérité peu agréable. Parce que,
acceptons-le, peu de gens savent vivre avec une telle vérité. Nous aimons
croire qu’il y a un sens, que quelque chose quelque part fait qu’il en soit
ainsi. Bien sûr, on peut se fabriquer un sens pour soi, mais on a bien compris
que cela n’a aucune vraie valeur. C’est une convenance personnelle qui nous
rend la vie un peu plus supportable, mais ce n’est qu’un emplâtre sur une jambe
de bois.
Permettez-moi
d’abonder encore dans le sens de ce que Emmanuelle (quelle contradiction dans
les termes que ce nom qui veut dire : Dieu avec nous !) Javaux
affirme. L’évolution ne permet aucun absolu : justice, amour, bien et mal
ne sont que des mots auxquels on a donné un sens, mais ce sens n’a aucune
réalité objective. Ce qui est bien aujourd’hui peut être le plus grand mal demain.
La justice n’est qu’une opinion que notre matière grise évoluée a inventée de
toute pièce. L’amour n’est que chimie. Agréable, certes, mais rien de plus
qu’une manière d’être que l’on se donne. Il n’en reste rien. Vanité des
vanités, tout est vanité, disait l’Ecclésiaste en son temps déjà. S’il n’y a
rien d’autre que nous et notre monde sous le soleil, rien n’a vraiment de sens.
Est-ce
vivable ? Notre société est probablement la première à prôner massivement une
telle philosophie dominée par la science. Comme le sens et les valeurs n’ont
plus de raison d’être, tout est réduit à la mécanique. Cette société,
prouvera-t-elle par ses fruits qu’elle a découvert ce qu’est la vie ? Ou
créera-t-elle un monstre ?
Notons
en passant qu’on n’a aucun choix dans la matière. L’évolution est imposée comme
seule clé d’explication de tout. On a décidé en haut lieu – et nous y avons
assisté par nos votes – que c’est ainsi.
C’est
qu’il doit y avoir des preuves solides … En fait, c’est tout le contraire.
Il n’y a aucune réponse scientifique au problème d’une évolution dans la
complexité. Comment le seul hasard peut-il faire en sorte qu’une molécule
inerte devienne un eucaryote vivant ? Comment, un eucaryote peut-il
devenir un éléphant, ou quelqu’un comme vous ? Comment d’un seul eucaryote
se “crée”-t-il des êtres sexués ? Comment la nature fait-elle pour écrire
le grand livre de l’ADN … sans écrivain ?
Cela
a dû se passer, puisque nous sommes là ! En fait, nous sommes devant un
article de foi. On ne peut le prouver, mais on le croit dur comme fer. Et puis,
il n’y a pas d’alternative ! Ou, plutôt, la seule alternative est intolérable
pour notre monde. L’alternative serait de remettre Dieu dans l’équation.
Certains
essaient d’introduire un peu de religion dans l’évolution. Mais ce faisant, ils
s’inventent une foi à leur mesure, sans réel soutien en quoi que ce soit, et
certainement pas dans la Bible dont ils nient à peu près tout ce qui ne cadre
pas avec la science. Peut-être qu’ils n’ont pas encore réellement pris la
mesure de l’évolution. Ils croient encore dans ce mariage contre nature de
l’évolution et de la foi. Ils pratiquent la politique du grand écart, jusqu’à
la déchirure. Quand ils finiront par prendre la vraie mesure de l’abîme entre
les deux, l’évolution et la Bible, le peu de foi qui leur reste sera
abandonnée. (J’ai écrit ailleurs un texte qui entre dans le détail de ce qu’on
appelle parfois l’évolutionnisme chrétien : http://solascientia.blogspot.be/)
Pourtant,
il y a de bonnes raisons de réfléchir à ce que dit la Bible sur les origines.
Vous serez sans doute étonnés de lire que ce qu’elle dit est scientifiquement
recevable. Ce n’est pas la raison de le recevoir, mais il n’y a pas besoin
d’envoyer ses neurones en vacances et de ranger définitivement son diplôme de
géologie, de biologie, de génétique ou qu’en sais-je.
Je
ne parle pas de faire un amalgame entre science et foi. Entre évolution et foi,
il y a un abîme infranchissable. Les propos de la professeure Javaux sont on ne
peut plus clairs à ce sujet. Laissez-moi énumérer quelques-unes de ces
oppositions :
·
Un passé d’environ 15 milliard d’années,
contre une création récente (environ 10.000 ans).
·
Un arbre de vie unifié, contre un
foisonnement originel, sans transformation entre les “espèces”.
·
Une race humaine éclatée (hominidés,
Neandertal, etc.), contre une race humaine unie avec un couple originel.
·
“Le présent est la clé du passé”,
contre “le passé est la clé du présent”.
·
Amoralité, voire immoralité, contre la
réalité d’être redevable devant notre Créateur.
·
L’homme pas mieux qu’une bactérie,
contre l’homme couronne de la création
Cela
fait rire beaucoup de gens aujourd’hui. Je l’écris cependant pour être clair,
et pour mesurer l’écart entre les deux conceptions de la vie. Mais croyez-moi,
il y a de très bonnes raisons scientifiques pour accepter que cette lecture du
passé est bien meilleure que celle de l’évolution.
Je
sais bien que je ne vais pas nécessairement vous convaincre ! Mais lisez
bien la réponse de la professeure au début de cet article. Elle a strictement
raison dans ce qu’elle dit. C’est cela l’évolution. Dites donc adieu au sens,
aux valeurs absolus, à la justice, et à toutes ces choses que l’évolution ne
peut produire. Mais il me semble voir à l’intérieur de moi (cette petite partie
du monde et de la nature que je connais le mieux) un désaccord fondamental avec
cela. Je constate que l’évolution me réduit à presque rien, sans aucun espoir
de changement. Je crois intimement qu’une telle conclusion est suicidaire. Elle
cogne contre ce qu’il y a au plus profond de nous. Elle nous abaisse au niveau
des bêtes. Etonnant qu’une telle conviction réveille la bête en nous, et nous
amène à devenir pire ? N’est-ce pas la raison que nous sommes si nombreux
à être mal à l’aise dans notre monde moderne ?
Un
des modernes à avoir bien compris où tout cela mène est l’auteur anglais
Georges Orwell, dans son livre 1984.
L’homme y a arrêté d’être un individu avec une valeur personnelle inviolable.
Il s’est chosifié, il est contrôlé, manipulé, utilisé. S’il se rebelle, il est
éliminé après l’avoir amené à se repentir.
Une
chose. L’évolution ne nous laisse rien qui puisse nous donner un sens. Il n’y a
que le non-sens. Peut-être que cela vous va. Je fais ce que je veux, comme je
le veux, quand je le veux et où je le veux, pensez-vous. Ce n’est pas tout à
fait vrai. Une société sans valeurs fondamentales, fondées sur autre chose que
le vote majoritaire, deviendra une dictature qui vous dictera ce que vous êtes
sensé vouloir. Et vous serez heureux de vouloir des choses qui ne sont pas dans
votre intérêt profond. Ça n’arrivera jamais ? Ou est-ce déjà dans un état
avancé de réalisation, sans que la plupart s’en rendent compte ?
Quand
il n’y a pas de sens, ce sont les insensés qui domineront.
En quête de sens ? L'évolution nous dit qu'une telle quête est condamnée à aboutir dans une impasse.