Le culte de la Liberté

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samedi 26 septembre 2015

Les migrants – quelques pensées provisoires

Depuis quelque temps déjà, je me demande ce que je pourrais bien écrire sur la crise migratoire du moment. Le problème est bien sûr que nous n’en avons pas encore assez de recul, ni d’ailleurs assez de détails. Entre ce qui est distillé par les média et ce que l’on apprend d’autres sources, il n’est guère aisé d’arriver à une opinion claire et éclairée ! Voici donc quelques pensées nécessairement provisoires.
Comme beaucoup, je suis tiraillé entre des sentiments très divers. Cela va de la générosité la plus grande à l’indignation la plus profonde en passant par une méfiance tenace.
L’indignation ?
Comment ne pas être indigné devant le spectacle des monarchies du Golfe qui abandonnent leurs frères en la foi entre les mains de l’ennemi “chrétien” ? Quelques exemples.
Voici un extrait d’une interview télévisée avec Fahad Alshalami, officiel koweitien qui explique pourquoi les pays du Golfe ne peuvent pas accueillir de migrants.[1] Il dit : “Le Koweït et les pays associés ne peuvent accueillir aucun réfugiés car nos pays sont riches. De toute façon, notre niveau de vie est trop élevé pour eux, contrairement au Liban et à la Turquie qui sont bon marché et plus adaptés aux réfugiés syriens. … Pour finir, nous n’avons pas à accueillir des personnes qui sont différentes de nous. … Nous ne voulons pas de personnes qui ont souffert de stress et de traumatismes dans notre pays.”
Un autre exemple. Savez-vous qu’il y a près de La Mecque, à Mina, en Arabie Saoudite, une cité de tentes équipées pour accueillir 3 millions de pèlerins ? “Mina est une grande ville faite de tentes en dur de différentes tailles où peuvent dormir de six à trente personnes par tente. La ville est divisée en secteurs qui correspondent à un regroupement des pèlerins par régions du monde. Il s’agit d’un espace énorme car il est censé accueillir les millions de pèlerins qui viennent chaque année accomplir les rites du Hajj… Chaque secteur est composé de tentes qui ont la climatisation et qui sont les unes à côté des autres, d’un ensemble de toilettes à la turque qui sert à tout le secteur et de points thé ou café.”[2] Mais aucun signe de migrants … Construire des mosquées en Europe et y envoyer des prédicateurs d’un Islam rigoureux, cela est dans les cordes des maîtres de Riyad. Mais accueillir des migrants … Il faut ajouter à cela que le pays décapite peut-être plus de gens que l’Etat Islamique. Depuis le début de cette année, déjà 134 personnes. Riyad affirme appliquer la peine capitale pour les crimes graves, sur la base de la charia, la loi islamique : meurtre, viol, trafic de drogue, vol à main armée, enlèvement, mais aussi apostasie (refus de la religion), adultère et « sorcellerie ».[3] Et entre “décapiteurs”, on s’entend …
J’ouvre une parenthèse. Savez-vous que l’Arabie Saoudite a été nommé pour présider le groupe consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies (UNHRC) à Genève ? Ce groupe est responsable pour la nomination des responsables pour la surveillance des droits de l’homme dans le cadre de l’ONU. C’est comme si on confie la protection d’un troupeau de moutons à un loup ! Or, par rapport à la question des migrants, le même article du Monde rappelle qu’en moins d’un an, l’Arabie saoudite a expulsé 36.000 Somaliens, 163.000 Ethiopiens et 613.000 Yéménites, selon l’Organisation internationale des migrations.
Et le Qatar ? De grands organisateurs, non ? Ils sont en train de construire les stades pour le mondial 2022. C’est vrai, ils le font avec des esclaves. Ils investissent aussi chez nous. Demandez au PSG et à combien d’autres ? Et à combien se chiffre l’aide aux migrants frères ? Et l’aide à l’Etat Islamique ? (Voir aussi sur ce blog : http://alternatio.blogspot.be/2015/03/vendre-son-ame-au-diable.html.)
Et puis, combien sont ceux qui gagnent à l’Etat islamique ? Leur pétrole passe bien quelque part pour être vendu. De l’indignation ? Oui, il y en a et il doit y en avoir.
Burak Bekdil pose une question judicieuse : Pourquoi faut-il que des non-Musulmans paient le prix pour des guerres exclusivement intra-Musulmanes et pour la vague de migrants qu’elles créent ?[4]
De la générosité.
Qui sont en première ligne de la haine islamiste en Syrie et en Iraq (et dans les territoires palestiniens, mais cela est une autre histoire) ? Les chrétiens. Ensuite d’autres minorités, à l’Islam apparemment adultéré. Faut-il les accueillir ? Bien sûr ! Encore faut-il qu’ils puissent arriver jusqu’en Europe sans se faire jeter par-dessus bord par des Musulmans. Combien de chrétiens se sont noyés ainsi dans la Méditerranée ?
De la générosité ? Mais bien sûr. Mais en trouvent-ils ? Dire en tant que maire que vous voulez accueillir des chrétiens est sévèrement critiqué par ceux qui ont accès aux média. Ce serait de la discrimination ! C’est peut-être vrai. Tout comme jeter par-dessus bord les chrétiens. Ou comme refuser d’aider des populations chrétiennes lors des catastrophes ailleurs. Mais comment être généreux si on refuse de compter avec la haine ancestrale contre Juifs et chrétiens ? N’est-il pas temps, justement, de chercher à aider ceux et celles dont on ne veut pas … entendre parler ? N’y a-t-il pas un temps, enfin, pour une certaine discrimination positive ?
Donc ne pas aider les Musulmans ? Bien sûr qu’il faut les aider. Et se poser la question pourquoi ils veulent venir chez nous. Car si leurs pays frères ne veulent pas d’eux, eux veulent-ils de leurs pays frères ? Apparemment pas. De la Turquie, ils passent en masse vers l’Europe … chrétienne (dans leur compréhension). Cette même Europe qui a été largement critiquée dans le Moyen-Orient comme la responsable de tous les maux. Ne dites pas trop vite que c’est injuste. Pourquoi veulent-ils venir chez nous ? A cause de nos valeurs de solidarité et d’accueil. A cause de nos valeurs qui nous dictent de les faire profiter de nos avantages matériels. Ces valeurs ne semblent pas exister ailleurs. En terre d’Islam, comme sur les terres de bien d’autres religions et philosophies, ces valeurs semblent quasi inexistantes. D’où vient donc qu’elles existent chez nous ? Je vais vous dire une vérité qu’on n’a plus guère le droit de dire. Ces valeurs viennent de nos racines judéo-chrétiennes. Oups ! C’est presqu’un gros mot ! Pourtant, il faudra se rendre à l’évidence.
Notre philosophie officielle est coulée dans le marbre évolutionniste. Réfléchissez un instant. Croyez-vous vraiment que celle-ci fera jamais naître l’amour du prochain ? On y parle plutôt de la survie du plus fort et de la mort des inadaptés, pas d’humanisme. Heureusement que nous n’agissons pas (encore) en accord avec ce genre d’opinions ! Heureusement qu’il reste encore un héritage chrétien qui nous inspire l’accueil du prochain dans le besoin ! Car une telle générosité n’est pas la norme dans notre monde. La compassion est une plante rare, exotique. Elle ne pousse vraiment que sur un sol irrigué par … la Bible.
Alors oui, soyons généreux, mais sans être naïfs. Ce qui m’amène au point suivant.
Une méfiance tenace.
C’est plus fort que moi, je l’admets. Une certaine méfiance me ronge devant l’actualité. Je vois venir des flots de gens avec une foi militante ce qui risque de transformer notre continent. J’écris “des flots”, car il n’est pas bien vu de dire : invasion. Pourtant, en parlant avec pas mal de gens, c’est le mot qui sort spontanément. C’est ce que beaucoup ressentent, une invasion qui ne dit pas son nom. Cette méfiance est nourrie par plusieurs questions.
Pourquoi cette vague tout-à-coup ? La guerre en Syrie dure depuis des années, mais soudainement, on se met en route pour l’Europe. Y a-t-il quelqu’un derrière cela ?
On nous dit qu’il y a encore un million de personnes décidées à se lancer sur ce chemin, et qu’un autre million attend en Libye. Beaucoup de ces gens (la plupart ?) sont acquis à un Islam plutôt militant et viendront réclamer leur droit le vivre chez nous selon leur religion. Cela va transformer un continent comme le nôtre qui est menacé d’une implosion démographique, due à la politique d’avortement et à une dénatalité importante. Bien sûr, l’immigration va aider l’économie, menacée elle aussi par cette implosion démographique, mais la vie n’est-elle pas plus que l’économie ? A quoi ressemblera notre société en dix ans ? Les sociétés d’où sortent les migrants, sont-elles notre modèle préféré pour l’avenir ?
Ma méfiance ne fait que grandir quand je lis la chose suivante. Il s’agit d’une interview sur Radio Courtoisie le 11 septembre, d’où sont tirées les lignes suivantes :
Mieux vaut être musulman que chrétien d’Orient pour obtenir l’asile en France. Invités de Jean-Marie Le Méné sur Radio Courtoisie, Frédéric Pichon, spécialiste de la Syrie à l’université de Tours, et Marc Fromager, directeur de l’Aide à l’Eglise en détresse, lui ont expliqué pourquoi.
Frédéric Pichon : « Je me suis entretenu cet après-midi avec un haut fonctionnaire de la République qui travaille dans l’accueil des réfugiés et qui m’a dit très clairement, en me disant que je pouvais le répéter partout donc j’en profite pour le faire – qu’il y a des consignes gouvernementales pour noyer la question des chrétiens d’Orient. Il me dit : « Voilà, il y a des chrétiens syriens et irakiens qui attendent depuis huit mois un visa à Beyrouth ». Il m’explique : « Il faut savoir que l’ambassade de France à Beyrouth sous-traite l’instruction des dossiers de visas à une compagnie privée libanaise détenue par un musulman sunnite. » C’est un haut fonctionnaire, c’est quelqu’un de sérieux, c’est un préfet. Il me dit que maintenant, il conseillerait presque – mais je ne veux pas lancer ici un appel à émigrer pour les chrétiens – aux chrétiens d’émigrer sans demander de visas et de passer par la Turquie et de se cacher dans ce flot [de migrants] pour avoir des chances d’être accueillis. Parce qu’il y a des consignes, m’a-t-il dit, surtout pour les chrétiens syriens qui sont réputés être pro-régime.
Marc Fromager : « Même en France ça fait des années qu’on a ce genre de témoignages. Des chrétiens égyptiens, par exemple, qui ont fui leur pays parce qu’ils sont menacés, en danger, etc. L’instruction se fait ici avec des traducteurs arabes, la plupart d’origine maghrébine musulmane. Et bizarrement [ces chrétiens traduits par des musulmans] n’auront quasiment jamais droit à l’asile politique et donc sont refoulés. Par contre les musulmans, eux, sont accueillis assez facilement. » [5]
Puis, il y a cette histoire sur laquelle nos média ont sauté comme des affamés. L’histoire du petit Aylan, dont le cadavre a jonché une plage turque. Une histoire tragique. Cela ne devrait pas arriver à un enfant. Mais c’est arrivé. Parce que son père a choisi consciemment ce chemin-là pour améliorer son sort. Il habitait à Istanbul depuis trois ans. Pas exactement un migrant chassé par l’Etat Islamique ! Sa sœur, qui vit au Canada, lui envoie régulièrement des mandats. A la radio de Vancouver, elle dit avoir recommandé à son frère de faire venir leur père, Abdullah, toujours résidant en Syrie, en Europe pour y faire soigner ses dents. Elle a du reste envoyé de l’argent à cette fin. Son frère lui dit alors qu’il se rendrait avec toute sa famille en Europe afin de ne pas laisser les deux garçons tous seuls. Avec l’argent de sa sœur, il fait appel à un passeur pour l’emmener de Turquie en Grèce pour la somme de 4.000 euros. Le navire chavire pendant le trajet, et toute sa famille meurt noyée, sauf lui. Monsieur Kurdi racontera différentes versions de son naufrage aux autorités turques. A présent son seul désir est de vivre auprès des siens, enterrés à Kobané. De cette tragique histoire, il restera le goût amer d’une manipulation grotesque d’un drame humain. Car tout semble bon pour toucher la corde sensible des gens (et faire taire la critique ?).[6]

Indignation, générosité et méfiance. Plus j’y réfléchis, plus ces trois mots me reviennent. A vouloir balayer le premier et le dernier d’un revers de main, les Bien Pensants dans notre pauvre Occident jouent à quel jeu ?