Le culte de la Liberté

Le culte de la Liberté

lundi 29 février 2016

Faudrait-il boycotter l’industrie de l’adoration ?

Voici toute autre chose. Jonathan Aigner [1] a écrit un article sur son blog qui mérite lecture. Je l'ai donc traduit ici.


Des boycotts n’amènent que très rarement quelque chose d’utile dans la culture chrétienne. En général, cela nous donne un air distant et déconnecté, voire arrogant, tout en faisant de la publicité pour ce qui nous inquiète.
Pourtant, il me semble qu’il est temps pour un autre genre de boycott. Non pas contre des organisations qui se moquent de nos opinions, mais contre une industrie qui s’inquiète justement beaucoup de l’opinion des églises, pour la simple raison que nous sommes leur seul espoir de survivre financièrement.
Il est temps de boycotter l’industrie de l’adoration.

1. Il est temps de boycotter l’industrie de l’adoration parce que l’argent ne devrait pas être le facteur déterminant de ce que chantent les églises. C’est bien une industrie. Son but est de faire de l’argent. Elle planifie donc avec soin pour que l’argent rentre de plus en plus, mais sans nous donner ce dont nous avons vraiment besoin, comme devrait le faire toute bonne musique d’église. Non, elle nous donne le divertissement dont nous avons fini par être dépendants. Il fut un temps où les cantiques des églises étaient écrits par des pasteurs, des théologiens et des poètes, mais l’industrie de l’adoration a fait de l’adoration son image de marque en nous donnant les “artistes” les plus aptes à rafler le marché et à imposer leur musique. Et comme tout bon marketing, elle fait appel à cette partie de nous qui agit sans discernement. Au lieu de rechercher la beauté d’un cantique, nous avons été capturés par ce qui n’est que mondain.

2. Il est temps de boycotter l’industrie de l’adoration parce qu’elle crée ses propres idoles.
Vous connaissez cette idole ?
A cause de l’industrie de l’adoration, vous connaîtrez peut-être aussi l’idole suivante :


La culture chrétienne est obsédée par des “worship leaders” populaires. Ils sont suivis par beaucoup de jeunes qui sont leurs fans dévoués. Ils ont leurs livres bestsellers, leurs ventes de t-shirts, leurs contrats d’enregistrement, bref, la totale. Et ils attirent des foules. On les paie grassement. Leurs concerts sont “sold out”. Le problème est que de plus en plus d’églises copient leur style de culte sur ce genre de divertissement commercial, faisant pénétrer l’ambiance des concerts rock dans leurs églises et transformant leurs communautés en des groupies de Chris Tomlin (et d’autres). L’industrie de l’adoration a besoin que cela se passe ainsi. Elle veut que nous soyons obsédés de ces superstars et de leur musique. Je suis sûr que la plupart parmi eux sont des gens bien avec des intentions louables, mais ils ne sont que les pantins dans le jeu de cette industrie. Nous avons accepté ces choses depuis si longtemps que l’industrie a repris ce qui était sacré dans nos églises – ce temps réservé autrefois à la transmission des vérités bibliques – pour le remplir avec les veaux d’or du divertissement.

3. Il est temps de boycotter l’industrie de l’adoration parce que c’est la voix de la communauté chrétienne qui doit être primordiale. L’industrie de l’adoration imite le style des genres commerciaux populaires qui sont totalement axés sur la performance. Leur textes et musiques ne proviennent pas des églises. Ce n’est pas une musique pour être chantée par une église, mais pour être produit devant un auditoire passif par tel chanteur ou tel groupe. Non pas que la musique commerciale est mauvaise par nature, mais elle n’est tout simplement pas faite pour nous. Nous avons besoin de musique dans laquelle les gens peuvent participer de tout cœur, et non une expérience qu’ils ne font que subir.

4. Il est temps de boycotter l’industrie de l’adoration parce que l’adoration et l’émotion ne sont pas la même chose. L’unique but de la musique commerciale est de nous capturer, de nous faire sentir quelque chose, de nous rendre dépendants d’un produit au seul niveau sentimental. C’est le type même de la manipulation émotionnelle. Cela devrait nous déchanter au lieu de nous enchanter.

5. Il est temps de boycotter l’industrie de l’adoration parce qu’être un client insatisfait mais qui ne dit rien n’arrangera rien. Nous sommes nombreux, de tous les âges, de toutes les dénominations et de toutes les cultures. Ce qu’on a fait de l’adoration devrait nous faire frémir. Nos sens sont affaiblis par le manque de profondeur des paroles et par une manipulation émotionnelle omniprésente. Pourtant, nous continuons à fréquenter des églises dominées par l’industrie de l’adoration, peut-être à cause de notre famille, ou parce que tous nos amis y vont, ou parce que nous y trouvons la théologie qui nous convient. Mais il est temps de parler ou de partir. Nous le devons. Adorer Dieu ensemble est plus important que des programmes qui conviennent à nos familles. C’est plus important que les relations dans un petit groupe. C’est une question au cœur de la théologie, et il se peut que notre sens de communion soit bien plus superficiel que nous le croyons. Nous devons nous faire entendre. L’industrie de l’adoration est en train de nous affamer en nous volant la nourriture spirituelle vitale dont nous avons si désespérément besoin à travers la Parole et la Cène, et elle nous offre à leur place les calories inutiles du divertissement commercial. Cela nous tuera lentement mais surement.
J’en ai assez de l’industrie de l’adoration. Non par méchanceté ou dépit, ou par une fausse piété ou par sensationnalisme. C’est une question de conscience. Je ne peux plus m’y engager. Je n’achèterai plus leur musique. Je n’irai plus à leurs concerts. Je n’achèterai plus leurs livres de chant. Je ne participerai plus dans une église qui suit ce mouvement sans discernement.

Alors, vous êtes avec moi ?
Il est temps d’arrêter d’imiter la culture pop.
Il est temps pour nous d’apprendre à chanter et à faire de la musique nous-mêmes, au lieu de laisser d’autres le faire à notre place.
Il est temps de redécouvrir la juste place de la musique dans l’adoration de l’église.
Il est temps d’en finir avec le mode Hillsong, de détrôner nos idoles populaires religieuses et de promouvoir tout à nouveau une beauté créative, particulièrement auprès de nos enfants.
Il est temps de rendre l’adoration aux chrétiens, et de ne plus nous limiter à la performance d’autres.
Il est temps de prendre une décision radicale. Car il n’est pas possible de réparer cette culture.
De toute façon, tout cela est un non-sens. Il ne peut y avoir une industrie de vraie adoration. Il n’y a qu’une industrie commerciale qui abuse l’adoration.
Ne soyez pas dupe. L’adoration d’une église ne dépend aucunement d’une production culturelle de masse.
Après tout, tout a commencé à partir de rien lorsque notre Créateur a tout fait par sa parole. Notre Rédempteur fut engendré, et pas fait.
Gardez votre industrie de l’adoration. Avec un grand livre, un bout de pain et un peu de vin, nous avons tout ce dont nous avons besoin.
Jonathan Aigner


samedi 13 février 2016

La diplomatie française à l'heure de la "féodalisation"

Un ami m'a envoyé l'article suivant. Je pense que cela intéressera un certain nombre. L'auteur est un Juif messianique.

Cela fait, hélas, longtemps que plus rien ne nous étonne de la part de la classe politique française, de moins en moins encline à masquer sa haine d’Israël et relayée fidèlement par la quasi-unanimité des médias tricolores, tous aux ordres d’une politique étrangère française empêtrée depuis plus de 40 ans dans son délire anti-israélien.
Nous sommes devenus au fil du temps comme blasés par le décalage récurrent constaté entre le discours ou les annonces de nos dirigeants politiques — de l’extrême droite à l’extrême gauche — et la réalité du terrain où prolifère sans retenue la parole antisémite, dans ses « habits » neufs antisionistes et jusqu’à la violence à présent quotidienne dans le pays.
L’inversion des rôles et responsabilités dans les violences faites aux Juifs est, très étrangement, largement acceptée et, tel un zombi, le citoyen lambda ne voit plus la victime en « victime », pas plus que l’agresseur en « agresseur ». Par, on ne sait trop quel tour de passe-passe, le Juif atteint dans sa chair est devenu responsable de ce qui lui arrive et son agresseur, une « victime » collatérale de l’hostilité intrinsèque que suscite les Juifs.
C’est ainsi que durant une vingtaine d’années, de 1948 à 1968, les nations arabes étaient perçues comme la partie la plus intransigeante, accusée de refuser de reconnaître Israël et de déclencher des conflits à répétition dont le but déclaré était l’expulsion, pour ne pas dire l’extermination des Juifs du Jourdain à la mer. Assurément, l’identification de la « victime » et de « l’agresseur » était encore d’une limpide évidence. On ne parlait à ce moment-là ni de « droit au retour » de Palestiniens, ni de création d’un État de Palestine, ni même d’occupation militaire où que ce soit.
Que la Judée et la Samarie aient été « vidées » — par une opération au sens propre d’épuration ethnique — de ses habitants juifs par l’armée jordanienne en 1948, on n’en a pas ou peu parlé. De « frontières », il n’en était pas davantage question. Tout au plus s’est établie de fait une ligne d’armistice entre les belligérants, ce que certains vont appeler la « ligne verte ».
Le conflit de 1967, surnommé « la guerre des 6 jours », qui a consacré une victoire écrasante d’Israël face à des adversaires nihilistes et irrédentistes, a manifestement engendré un changement de stratégie de la part des nations arabes et une modification notable des politiques occidentales vis-à-vis d’Israël.
Dès lors que sur le plan militaire, la victoire arabe semblait, au moins dans l’immédiat, « impossible », les Arabes, avec le concours des services secrets russes (KGB), ont échafaudé une nouvelle approche, une stratégie d’inversion des valeurs et même des rôles des protagonistes dans le conflit. Quoiqu’ils aient été les « agresseurs », les Arabes se sont alors présentés en « victimes » et Israël, qui subissait pourtant l’agression et la volonté exterminatrice de ses ennemis, s’est retrouvé au banc des « accusés ».
Peu après, le triple refus arabe à Khartoum n’a pas permis aux diplomates de prendre conscience qu’en réalité rien n’avait changé. C’était un « non » à la paix, un « non » à la reconnaissance d’Israël et un « non » à la négociation avec Israël. Dans un tel scénario, Israël aurait été mal avisé de céder sur quoi que ce soit. On lui en a fait pourtant le reproche.
Dès ce moment-là, tout a été redéfini comme un conflit dont « l’agresseur » était exclusivement Israël et la « victime », les Arabes. Il a été construit par ailleurs une problématique exclusive autour d’un différend territorial impliquant un « peuple », les Palestiniens, au demeurant sans « histoire » nationale, qui aurait été dépossédé de sa terre, dès 1948, et dont le territoire serait « occupé » par un Israël conquérant à l’origine du conflit. Ainsi présentée, la causalité du conflit n’est plus l’agression arabe généralisée suite à la création de l’État d’Israël, mais l’existence même d’Israël, aussi bien sur le plan juridique que sur le plan pratique. Le résultat du conflit de « 1967 » devient un épisode de plus, en aucune façon le fruit de l’obstination arabe à vouloir éradiquer Israël, mais le produit « inacceptable » d’une résistance juive à ne pas se soumettre au diktat de l’islam.
Tandis que le fond du problème était et est toujours le « refus » arabe d’une reconnaissance d’Israël, les chancelleries occidentales ont finalement choisi le « camp » arabe, plus profitable à leurs intérêts, énergétiques notamment.
Ainsi redéfinis les rôles respectifs et les valeurs fondamentales en balance dans le conflit qui oppose Israël au monde arabo-musulman, cette « inversion » du sens remodèle les relations des Juifs avec les sociétés où ils sont intégrés partout dans le monde.
Faut-il alors s’étonner qu’après plus de 40 ans de matraquage politique et médiatique, plus personne ne croie à la persistance du triple « refus » arabe de Khartoum au profit d’une réalité fantasmée où Israël est à l’origine de toute la misère du monde et celle d’un « peuple » palestinien en particulier, nourri d’une haine indicible et autodestructrice contre les Juifs ?
L’appel récent d’un collectif d’ambassadeurs français à « sauver l’État palestinien » s’inscrit naturellement dans ce diabolique aveuglement qui consiste à ne vouloir voir dans le conflit israélo-arabe qu’une « injustice » impardonnable de la part d’Israël. Celui-ci ne prend en définitive « que » des mesures injustes et unilatérales : tels un « mur spoliateur », « l’installation de 650 000 colons », « l’enfermement de Gaza »… Le choix des mots et des « maux » emprisonne nécessairement Israël dans la posture de l’accusé, sans que celui-ci puisse se défendre ou soit défendable.
Les actions palestiniennes se trouvent ainsi « justifiées » en ce qu’elles sont des « réactions » et non le produit d’une orientation politique, idéologique ou religieuse particulière. La disproportion dans le nombre de « victimes » dans les deux camps plaide en défaveur d’Israël, comme si la parité en la matière établissait un juste équilibre moral. Or, cette « disproportion » est partie intégrante de la dialectique palestinienne.
Il est intéressant de relever que le texte de ces « diplomates » ne se réduit pas à une discussion sur des divergences politiques entre États, somme toute fréquentes dans bien des domaines. C’est le peuple juif lui-même, où qu’il se trouve, qui est dans le collimateur de ces hauts fonctionnaires. En effet, il ne faut pas se laisser abuser par l’usage intensif d’un vocabulaire volontairement biaisé. Derrière les « lobbies » qui poussent les gouvernements américains à « s’inféoder » à Israël, ou encore ceux qui, paraît-il, manipulent les Européens, dans « l’ombre de la Shoah », qui voir d’autres que les Juifs, telle une « 5e colonne », unis comme un seul peuple contre les intérêts du monde ?
La proposition française de reconnaître un État palestinien, en l’absence de résultat dans de « pseudo-négociations » est un modèle du genre de fausse diplomatie inique et un parti-pris flagrant, en même temps qu’affligeant, pour un État palestinien que Mahmoud Abbas appelle lui-même de ses vœux Judenrein, c’est-à-dire sans aucun juif. Le projet de constitution du futur État palestinien, qui n’est nullement caché d’ailleurs, est aux antipodes de ce qu’exigerait un minimum démocratique. Dictature, discrimination, inégalités, racisme et antisémitisme sont les ingrédients d’un futur État que la France souhaite ouvertement et de tout cœur. La « déclaration » de Khartoum, jamais récusée, est depuis longtemps oubliée, tandis qu’elle demeure d’une stupéfiante actualité. Pas de paix, pas de reconnaissance et pas de négociation.
Ces hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères n’agissent sans doute pas sans l’aval de leur ministre de tutelle et je doute fort qu’ils ignorent la duplicité de leurs propos. Nous ne sommes donc plus au stade de l’ignorance involontaire et tout cela augure des jours sombres pour la France.
Cette « inversion » des valeurs et des postures, dont je parlais plus haut, m’amène à penser que même cette présente « explication de texte » risque d’être considérée par bien des lecteurs comme le produit d’un « lobbying » juif « inféodé » à la politique israélienne.
Mais vous n’êtes pas obligé de le croire…


Guy ATHIA