Il y a très peu de probabilité
de voir des panneaux avec ce message devant le tribunal où Dominique
Strauss-Kahn se trouve devant ses juges. C’est une chose de dire “Je suis
Charlie”, c’en est une toute autre de dire “Je suis DSK”, non ?
DSK a vécu sa vie selon la
philosophie chère à Charlie Hebdo. Beaucoup de sexe et peu de religion. Et pas
mal d’argent et de pouvoir pour s’y adonner sans trop d’inquiétude. Pourtant,
bon nombre de personnes n’aimeraient pas s’identifier avec lui. Pour combien de
socialistes est-il encore défendable ? Un socialiste atypique donc ?
Je l’ignore !
DSK. Vous aimez les yeux des
initiales ? Les lettres DSK nous rendent un tel jeu à la fois simple (tentant ?)
et difficile. Le D pour Déchéance. C’est évident. Le S pour Sordide. Tout aussi
évident. Mais le K rend les choses plus compliquées, comme le savent tous ceux
qui jouent au scrabble. Je propose de le laisser comme il est. K pour Kahn.
Kahn est un nom hébraïque. Il se rencontre aussi comme Cohen, ou Kahane. Il
veut dire prêtre ou sacrificateur. Ceux qui partagent ce nom sont en toute
probabilité des lointains descendants d’Aaron, le frère de Moïse et le premier
Kahn d’Israël.
Quel nom et quel héritage à
porter ! DSK en devient une contradiction, un choc dans les termes : la
déchéance et la vie sordide d’un prêtre, appelé à rapprocher les gens de Dieu. Bien
sûr, il n’est ni le premier, ni le seul dans son cas. Aaron lui-même s’était
trouvé entraîné dans la calamité du veau d’or (Exode 32). Mais quand tombe le
jugement, il ne meurt pas, contrairement à beaucoup d’autres. Il est épargné et
devient quelqu’un de transformé.
DSK est devant ses juges. Qu’il
en sorte condamné ou acquitté n’est pas mon problème et n’est pas notre
affaire. Que tout cela doit être lourd à porter, on se l’imagine. La déchéance
une fois exposée au regard public n’est pas une carte de visite dont on est
fier. C’est étrange, non ? Nous vivons dans une culture qui juge les
aventures sexuelles d’un œil bienveillant. Mais la déchéance et la sordidité ne
sont pas près d’être populaires. Sans doute preuve de notre hypocrisie
naturelle qui, à moins d’être corrigée par le Christ, finira par nous hanter.
Je suis DSK. Héritier potentiel
d’un destin fabuleux : connaître Dieu et être à son service pour le bien
de l’humanité. Mais la déchéance m’a atteint, moi aussi. Je ne suis pas
meilleur, même si j’ai eu des moyens plus restreints pour me vautrer dans ma
déchéance. Mais la même maladie m’a frappé. Sordide ? Le jour viendra où
ce mot m’atteindra comme une flèche empoisonnée. Où je verrai ma vie à la
lumière du Juge de l’univers. Où devant sa sainteté absolue et terrifiante je
verrai ma petite vie si convenable comme elle était vraiment.
Pour DSK, ce moment de lucidité
a-t-il sonné ? Je ne peux que l’espérer. Je ne peux que lui souhaiter de
connaître le sort de son ancêtre, le Kahn Aaron. Parce qu’il a eu une seconde
chance ? Non. On n’a qu’une chance parce qu’on n’a qu’une vie. Quand sonne
notre dernière heure, c’est fini. L’heure du bilan aura sonnée. Jusque là, tout
peut basculer. Le Christ Juge peut devenir le Messie Sauveur et transformer
notre vie. Tout Kahn peut devenir un médiateur entre Dieu et les hommes une
fois qu’il a rencontré le grand
Médiateur. Toute déchéance et toute sordidité peuvent être lavées. DSK ne
serait pas le premier à le découvrir. Car nous sommes beaucoup de DSK. Et le
Messie d’Israël, Jésus, a eu pitié de nous.
Je ne suis pas Charlie. Mais j'étais DSK.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire