Vous
avez remarqué que Dieu est le grand absent autour des attentats, soient-ils
ceux de Paris ou de Bruxelles ? On s’en sort très bien sans lui. Nous
avons nos valeurs, nos psys, nos débats interminables et nos philosophes.
Vraiment, je vous l’assure, on s’en sort très bien sans Dieu. Bientôt, ce sera
le retour à la normale, parce que, n’est-ce pas ?, la vie doit continuer.
Pour s’en sortir ainsi, on ne tarit pas le flot de paroles.
Paroles de réconfort, de sympathie, ô combien à leur place. Paroles d’analyse
et d’évaluation, tant pour chercher des solutions que pour passer le temps, car
une journée à remplir, ce n’est pas rien, même quand tu es journaliste, comme
on appelle les prédicateurs modernes du culte médiatique. Tout cela, nous
a-t-on dit ce matin, est une question d’affects. Plus de sentiments et d’émotions.
On a des affects. Tout le monde en a. Ne pas les avoir serait d’être
désaffecté, et qui veut ça ?
Des mots. Pour dire quelque chose ou pour ne rien dire, mais
surtout pas pour dire … Dieu. Il est absent, parce qu’on a décidé qu’il doit
être absent. Plus personne ne parle pour lui en public. Il a été relégué à la
clandestinité. Comme d’habitude. Ce sont les faux dieux qui tiennent le
crachoir. Comme toujours. Avec leur haine d’Allah Akhbar. Ou avec leur
arrogance à l’occidentale. Bien sûr, on l’appellera probablement de sa retraite
forcée quand il faudra organiser un deuil public. Alors, sans stigmatiser, surtout
pas !, on permettra à tous les dieux de faire leur petit truc. Ça ne fera
pas de mal tant que c’est bien contrôlé. Contrôlé, car il ne faut surtout pas
laisser déraper Dieu. Même, surtout ?, quand on le met ainsi à
contribution, on s’en sort très bien sans lui.
Stigmatiser. Stigmates. Crucifixion. Semaine sainte. Témoignage
lointain d’un monde qui veut s’en sortir sans Dieu. Je lisais ce matin, le
mercredi des cendres comme la tradition l’a appelé, et les cendres
correspondent un peu trop bien à cette triste semaine du 22 mars, je lisais
donc ce matin dans l’Evangile cette phrase d’un autre âge. Christ vient d’être
cloué sur la croix, entouré de deux malfaiteurs. Le premier lui lance (verbe
exact, c’est comme une lance) : “N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi
toi-même et nous avec toi !” C’est trop banal. Dieu est là pour nous tirer
d’un mauvais pas. Si Dieu existe, il n’aurait pas … Banal. Je n’ai pas de place
pour toi dans ma vie, ni d’ailleurs dans ma mort, mais à l’occasion … On s’en
sort très bien sans lui. Sauf qu’on est sur une croix et que l’avenir s’est
bouché.
L’autre malfaiteur réagit alors : “Tu n’as pas la
crainte de Dieu, alors que tu subis la même condamnation ? Pour nous, c’est
justice, car nous recevons ce que nous avons mérité par nos actes; mais lui n’a
rien fait de mal.” Toi qui a chassé Dieu de ta vie, de la vie, et qui l’abandonne
sur une croix, tu ne vois pas que tu t’es exclu et crucifié en même temps ?
Que tu t’es condamné toi-même par la même occasion ? Le prophète Esaïe
avait répété à deux reprises : “Il n’y a pas de paix pour les méchants.”
Où donc est ta paix ? Toi qui t’en sors si bien sans Dieu, es-tu aveugle
devant ta propre culpabilité ? Combien d’enfants avortés témoignent contre
toi ? Combien de crucifixions traînent dans tes bagages ? Et maintenant
que tu souffres, tu n’as pas la crainte de Dieu ? Si tes souffrances ne te
ramènent pas à la raison, y a-t-il encore de l’espoir ?
Mais c’est vrai, tu t’en sors si bien sans Dieu. L’écriture est
déjà au mur, mais demain, la fête continue. C’est fou, non ?
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