L'article qui suit semble être plus franco-français. Cependant, les mêmes démons se cachent dans notre société belge et la même actualité revient à la une avec une régularité fatigante. La France a sans doute ses contradictions à elle. Mais elle n'est pas seule à les avoir.
On pourrait rétorquer à cet article que la rencontre toute récente entre M. Macron et M. Netanyahu, pendant laquelle le président français a traité l'antisionisme d'antisémitisme remet les pendules à l'heure. Mais à l'heure de qui ? La contradiction n'est que plus flagrante quant on dit une chose à M. Abbas et une autre, contraire, à M. Netanyahu. Tôt ou tard, il va falloir choisir. Jusque là, les contradictions demeurent. A partir de cela, soit un vrai ami du peuple juif se révélera, soit l'esprit de l'antichrist se manifestera. Je crains fort que ce sera la deuxième option.
Ces derniers
mois, la multiplication des rendez-vous électoraux et son cortège de surprises
en tout genre, de “scandales” mis en lumière ou au contraire noyés dans le
bouillon médiatique, a révélé le pouvoir extraordinaire et manipulateur des
organes de communication télévisuelle et plus encore des réseaux sociaux
infectés et infectant les esprits sans aucun remède.
Les “complotistes”
y ont vu la main invisible des “puissants” anonymes qui placent leurs pions sur
l’échiquier géant de la planète, ou plus modestement de notre douce France.
L’électeur
téléspectateur, consommateur de Facebook, Twitter et autres sites internet
pseudo indépendants, a cru pouvoir trier le flux continu d’informations
contradictoires, soigneusement enrobées par des spécialistes en communication
extrêmement performants. Il n’en a rien été.
Les soupçons
et la présomption d’innocence se sont rapidement transformés en certitudes et
jugements irréversibles, des armes médiatiquement létales. Les élections
passées, le système n’a pas changé.
La seule
manière de réduire l’influence de telle ou telle nouvelle consiste alors à
l’étouffer sous un magma d’informations que l’on sait inutiles et qui viendront
masquer l’essentiel, le réellement pertinent.
C’est ainsi
que bien peu de Français ont eu vent des dernières informations relatives au
Moyen-Orient et Israël en particulier. Cela dit en passant, j’avoue que
quelquefois, je me passerais bien de voir Israël à la une des journaux. Mais
il y a des signes inquiétants, parce que persistants, dans l’attitude de la
France à l’égard d’Israël et du peuple juif.
Il y a
quelques jours, le président Macron a accueilli Mahmoud Abbas à l’Elysée lui
assurant son soutien indéfectible à une solution de paix basée sur le principe
de deux Etats, une solution qui pourtant, en coulisse, a de moins en moins
d’adeptes sérieux. Il soulignait également sa condamnation de la “colonisation”
par Israël.
Mais comment
en aurait-il pu être autrement dès lors que monsieur Macron avait qualifié
(avant son élection) la colonisation française de crime contre l’humanité ? Le choix des mots et des sujets
n’était ainsi pas anodin. Soyons-en certains.
Les médias
et les politiques ne peuvent imaginer un seul instant le terme “colonisation”
associé à quelque chose de positif, aussi, le relier en permanence à Israël ne
peut que participer à la diabolisation de cette nation. Substituez le mot “colon”
à celui de “nazi” et vous percevrez rapidement l’effet dévastateur produit dans
les esprits. Certains se demanderont alors pourquoi cette diabolisation à
outrance et systématique d’Israël au travers de vocables que l’on sait “sensibles”
pour nos concitoyens ? La “culpabilisation” de la France au travers de son aventure coloniale
historique — une aventure partagée par la plupart des pays européens — est
devenue un instrument politique visant à “adoucir” la rancœur des populations
immigrées — d’autres s’empresseront d’ajouter, à “justifier” leur colère —
celle de ces anciens “colonisés” qui, pas si rancunier finalement, sont venus
s’installer en France.
Sauf que la
colonisation française étant de l’histoire de plus en plus ancienne, fort
distante des générations d’aujourd’hui, il faut un autre exutoire qu’Israël
incarne parfaitement dans le monde arabo-musulman. Israël est le “colonisateur”
malfaisant sorti d’on ne sait où dont la légitimité est ainsi contestée de
toutes les manières. Ainsi donc, les Juifs sont le seul peuple existant sans
histoire et sans terre s’inscrivant dans un “réel” officiellement reconnu. La
création de leur Etat relève d’une “erreur” historique découlant de la barbarie
nazie. Ils sont l’incarnation fautive des colonisateurs européens qui les ont “laissés”
s’installer sur une terre qui ne peut par essence que leur être “étrangère” dès
lors qu’ils sont désignés comme “colons”.
De la sorte,
le discours politique ne s’inscrit plus dans la vérité intrinsèque de
l’histoire, mais dans une réécriture accommodante dont les vertus restent
discutables.
Pour le
croyant, c’est là que se trouve le dilemme. On peut être plus ou moins
d’accords avec les choix politiques de son pays. Il est possible même de
discuter de ses arguments, de contester leur pertinence. Mais le dialogue
devient nettement plus compliqué quand les vérités historiques les plus élémentaires
et les plus évidentes sont délibérément bafouées.
C’est ainsi
que nous avions dénoncé le vote à l’UNESCO de la France qui semblait
cautionner, en novembre dernier, la qualification de Jérusalem et de sa vielle
ville de site islamique, faisant fi de la réalité historique au détriment des
Juifs, mais aussi indirectement des chrétiens.
Qu’importe
les critiques et les condamnations, l’UNESCO, devenue pour ainsi dire un organe
onusien de propagande islamique, poursuit sa politique infâme de délégitimation
d’Israël. Et l’élection de monsieur Macron à la présidence de la République ne
permet pas d’entrevoir d’inflexion aux relations paradoxales que notre pays
entretient avec Israël et le peuple juif.
La “bienveillante”
abstention de la France à l’UNESCO lors du vote récent en faveur de la
reconnaissance du caveau des patriarches à Hébron comme site palestinien —
entendez par là uniquement musulman et donc non-juif — est un affront de plus
et un négationnisme politique révélateur.
La réponse
d’Israël ne s’est d’ailleurs pas fait attendre. Le Premier ministre israélien a
déclaré la création prochaine d’un musée du patrimoine juif à Hébron. Et nous
pouvons être certains qu’il ne sera pas vide comme le musée de l’histoire de la
“Palestine” de Ramallah financé à coup de millions de l’Union européenne.
Au regard du
positionnement français à l’UNESCO, reflet patent d’une politique inqualifiable
à l’égard d’Israël qui n’a finalement pas varié depuis 50 ans, on relèvera la
décision commune des ministères de la Culture et de la Justice d’ouvrir l’accès
aux archives du procès de Klaus Barbie, condamné il y a 30 ans pour crime
contre l’humanité. Selon les ministres, la mesure a été prise afin de lutter
contre le négationnisme et l’antisémitisme en France.
Bien
entendu, en tant que telle, on ne pourra que saluer la décision si prompte d’un
gouvernement à peine installé. Mais la déclaration est un peu l’arbre qui cache
la forêt. L’antisémitisme et le négationnisme sont dans le discours officiel
exclusivement d’extrême droite. Ils sont le chiffon rouge agité pour
détourner l’attention et faire oublier que l’antisémitisme quotidien que
connaissent les Juifs en France est essentiellement issu de la communauté
arabo-musulmane. Au négationnisme traditionnel relatif à la Shoah se superpose
de façon récurrente celui à propos de l’histoire du peuple d’Israël, qu’elle
soit dans la Bible ou plus contemporaine.
Ce
négationnisme arabo-musulman transpire dans les décisions de l’UNESCO et la
France apporte sa caution à minima en s’abstenant lors des votes proposés.
Les Juifs
comme les chrétiens s’inquiètent de ce double standard de la politique
française qui depuis des années déclare vouloir lutter contre l’antisémitisme
dont les Juifs sont de plus en plus victimes, et en même temps ferme les yeux
sur l’antisémitisme arabo-musulman qui ne cesse de se développer dans les
banlieues. Il y a indéniablement un calcul politique dont les conséquences ne
sont pas mesurées.
Par
ailleurs, l’insistance à dénoncer le pseudo “colonialisme” d’Israël est en
réalité une forme de négationnisme que, je pense, tout croyant devrait
dénoncer. En laissant s’installer le mensonge historique au sujet d’Israël, les
chrétiens eux-mêmes finiront par en pâtir.
L’heure
n’est plus au grand discours ou la recherche à tout prix d’un consensus. La
vérité est seule en cause et c’est elle qui réellement rend libre. Se taire ou
s’abstenir est un délit de fuite pour lequel on finit toujours par être
rattrapé.
Guy Athia
Le
Berger d'Israël
Email: bergerdisrael@gmail.com
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