Introduction
Quatre
mensonges pour les asservir tous
et les lier dans les ténèbres.
(Four lies to enslave them all
and in the darkness bind them.)
Ces mots sont inspirés par J. R. R. Tolkien, Le seigneur des anneaux. Quatre mensonges sont en voie de conduire notre monde à sa fin inéluctable : un asservissement sans espoir et une fin sans retour. Il y a d’autres mensonges, bien sûr, mais ces quatre-ci se trouvent clairement à l’avant-plan aujourd’hui. Ils se trouvent tous les quatre dans un processus intentionnel de normalisation. Ces quatre mensonges ont pour destin d’être la nouvelle normalité bâtie sur le rejet des vérités d’hier. Tout est fait, médiatiquement, politiquement et judiciairement, pour leur accorder le statut de vérité officielle. Pour le premier de ces quatre mensonges, ce processus est pratiquement à son terme. Il est quasi devenu un « droit humain ». Pour les autres, les nouvelles vérités se trouvent à divers stades d’inculturation à pas forcé.
Ces mensonges ne sont pas la même chose que les grands mensonges
fondamentaux qui ont façonné notre monde. Parmi eux se trouvent notamment les
grandes philosophies des derniers siècles et en-dessous d’eux se trouve le
grand mensonge des commencements : « vous serez comme des dieux choisissant
vous-mêmes entre le bien et le mal. » (La Genèse 3.5) Les quatre mensonges
dont il sera question ici sont les fruits amers produits par le poison qui a
corrompu l’arbre de l’humanité.
Il y a un lien tout à fait remarquable entre ces vérités et la mort. En
soi, cela n’est guère très original comme remarque, car cela fait presque 2000
ans que le Christ l’avaient déjà dit clairement. Voici ce qu’il dit aux hommes
religieux de son temps : « Votre père, c’est le diable, et vous
voulez vous conformer à ses désirs. Depuis le commencement, c’est un meurtrier :
il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui.
Lorsqu’il ment, il parle de son propre fond, puisqu’il est menteur, lui le père
du mensonge. » (Evangile selon Jean 8.44) Le mensonge et le meurtre
forment un couple étroit et indissociable. Le mensonge, tôt ou tard, porte
atteinte à la vie. Il est donc loin d’être innocent d’inventer et de proclamer
de nouvelles vérités. Il n’est pas le moment ou le lieu pour s’étendre sur ce
lien dans les siècles passés. Mais il suffit d’évoquer ce lien étroit et
terrifiant entre les mensonges du Communisme et du Nazisme et les génocides auxquels
ils ont conduit en Russie, en Allemagne, en Chine, au Cambodge et ailleurs. Les
nouvelles vérités sont rarement économes du sang des hommes.
Richard Wurmbrand, Juif et pasteur luthérien roumain qui a connu les
geôles nazis et communistes, avait évoqué un jour, lors d’un séminaire auquel j’avais
assisté, le lien également étroit entre la vérité et la vie. La vérité libère,
le mensonge enchaîne. La vérité fait vivre, le mensonge tue.
Oui, mais le Pilate qui se cache en nous demandera : « Qu’est-ce
que la vérité ? » Qu’il suffise ici de dire que la vérité correspond
à la réalité. Elle est l’accord entre la réalité et la parole. Pour Pilate, la
réalité était l’innocence du Christ. Son mensonge était d’accepter le récit des
responsables du peuple et d’établir la vérité judiciaire sur base des menaces
et des peurs dont il faisait l’objet. Les quatre mensonges dont il sera
question ici concernent quatre réalités différentes, réalités que l’on a choisi
de décrire et de comprendre autrement parce qu’on a un autre projet de société,
un objectif secret, et souvent une aversion non avouée. Il y a un rejet de la
réalité que l’on habille toujours plus d’une réalité alternative et qui devient
très vite la seule acceptable.
La vérité conduit à la souffrance par l’intolérance subie. Le mensonge
conduit à la souffrance par l’intolérance pratiquée. La vérité est reconnue, le
mensonge est imposé. La vérité sait attendre, le mensonge est toujours pressé.
La vérité est un avocat, le mensonge est un tyran. [1]
La vérité accepte le débat, le mensonge le refuse.
L’une comme l’autre ne sont pas des affirmations statiques. La vérité
autant que le mensonge sont dynamiques. Plus on s’en approche, plus on se met à
y croire, et plus ils nous aspirent plus loin. Dans le cas de la vérité, c’est
une spirale vers le haut, le bien, le pur, vers ce qui nous élève vers une vie
meilleure en communion avec le Dieu de la vérité en qui il n’y a ni ombre ni
variation. Dans le cas du mensonge, c’est une spirale vers le bas, le mal, l’impur,
vers ce qui nous abaisse vers une vie centrée sur nous-mêmes et en communion
avec le père du mensonge.
La vérité finira toujours par avoir le dessus. C’est inévitable. Le mal
n’aura jamais le dernier mot. Le mensonge a son heure de « gloire »,
mais il ne tient pas la durée. Il périra. La vérité le chassera, même s’il faut
s’armer d’une longue patience. Le régime communiste russe a duré 70 ans. Mais
il a fini par être balayé. Il en sera de même pour les mensonges qui sont dominants
de nos jours. La justice et la vérité triompheront.
1. Tuer pour jouir : le mensonge de l’avortement
Quatre
mensonges pour les asservir tous
et les lier dans les ténèbres.
Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de gens qui osent remettre en
question l’avortement. Celui-ci est devenu un droit dont on s’efforce de
toujours étendre plus loin les limites. Les questions – les seules posées
aujourd’hui de manière officielle – touchent désormais au nombre de semaines de
grossesse durant lesquelles l’avortement est légal, douze, quatorze, dix-huit,
vingt-quatre, ou jusqu’à l’accouchement. Pour certains, comme Francis Crick et
James Watson, qui avaient obtenu le prix Nobel pour leur découverte de l’ADN,
il faut même aller au-delà. Selon Watson : « Si un enfant ne devait
pas être déclaré vivant jusqu’à trois jours après la naissance, alors tous les
parents auraient la possibilité du choix qu’ont aujourd’hui seulement
quelques-uns. Le médecin pourrait permettre à un enfant de mourir si c’était là
le choix des parents et empêcher ainsi bien de misère et de souffrance. » Et
pour Francis Crick : « … aucun enfant nouveau-né ne devrait être déclaré
humain avant d’avoir été soumis à certains examens concernant son capital
génétique. S’il échoue à ces examens, il perdrait le droit de vivre. » [2]
Faudrait-il parler dans un tel cas « d’avortement post-naissance » ?
Pour que les questions se limitent essentiellement à la seule période
pendant laquelle un avortement serait légal, il a fallu évacuer les vraies
questions. C’est là où le mensonge entre en jeu.
Commençons avec la réalité observable et vérifiable. La science nous
dit qu’un être humain commence son existence à la conception. Une fois conçu,
ce nouvel être humain ne fait plus que croître, se développer. Mais aucun
changement radical n’arrive après la conception. [3]
Génétiquement, tout est fixé dès ce moment. « Le programme humain »,
si je puis m’exprimer ainsi, exécutera les instructions contenues dans son ADN
flambant neuf, fraîchement constitué et totalement unique et original. De la
première division cellulaire jusqu’à la dernière poussée de croissance in
utero, tout est la suite naturelle de la conception. Il s’agit bien d’un
être nouveau. Il n’est pas une partie du corps de sa mère. Il n’en a ni le même
code génétique, ni, obligatoirement, le même groupe sanguin. Il est clairement
l’enfant de ses parents et son code génétique le précisera tout au long de son
existence. Mais il n’est pas eux. Il est lui, être humain à part
entière.
A aucun moment durant la grossesse n’arrive un moment où cet être
humain en devenir passe par une crise existentielle où il devient humain
ou plus humain. Non, il est un humain dès avant la première division
cellulaire. Même la naissance – qui est bien une crise – ne change rien à cela.
C’est toujours le même enfant, un jour avant la naissance comme un jour, ou un
an, après la naissance.
Autrement dit, délibérément tuer cet être humain en devenir revient à
tuer un être humain. Scientifiquement, il n’y a pas de place pour le doute à ce
sujet.
Voilà la réalité. Elle semble plutôt incontournable. Pourtant, on l’a
contourné. Comment ? En faisant intervenir des mensonges.
On a commencé
par plaider le grand nombre d’avortements clandestins avec à la clé la mort de dizaines
de milliers de femmes. De toute évidence, il fallait mettre une fin à cette
pratique barbare. On a donc fait voter l’avortement pour mieux l’encadrer, pour
l’intégrer aux « soins » hospitaliers et pour arrêter le massacre.
Mais c’était une fable. Les chiffres officiels – ceux que ni les média ni les
politiques ne transmettaient – n’ont jamais fait état de dizaines de
milliers de morts. Tout était faux, fake, inventé.
Dans la Revue du Praticien du 11 Février 1974, on lit, sous la plume de
E. Hervet, (p 639) : « Aux entretiens de Bichat 1973, Monrozies fit
un exposé, fortement nourri de statistiques, sur la mortalité et la morbidité
comparative des avortements clandestins et des avortements légaux. Il plongea
dans la stupéfaction et dans le désarroi les nombreux journalistes présents
dans la salle, en indiquant des chiffres [très bas].
A ces journalistes qui demandaient, à l’issue de la conférence, des
explications, il a été facile de dire qu’ils s’étaient laissés abuser pendant
des années sur la gravité réelle de l’avortement clandestin. Ils avaient
préféré entendre les voix qui dénonçaient cet avortement comme un fléau national
avec son cortège de 6.000 à 10.000 morts chaque année. Ils n’avaient pas
entendu les voix, à vrai dire moins retentissantes, qui contestaient la réalité
de ce massacre, et fixaient à quelques dizaines de morts les avortées, chaque
année, c’est à dire à un chiffre cent fois moindre ». [4]
On a ainsi voté l’avortement en France, et sans doute ailleurs, sur la
base d’un mensonge.
Mais cela n’était pas suffisant. On a inventé la question de la viabilité
du fœtus. Tant qu’il n’était pas viable, était-il vraiment humain ?
Comment parler d’un crime quand on enlève une chose qui n’est même pas viable
et donc pas vraiment humain ?
Le raisonnement laisse à désirer ! Pourquoi ? Parce que la
viabilité n’est pas une notion suffisamment précise. On est toujours viable selon
les conditions dans lesquelles on vit. Dans son environnement utérin, un
enfant est parfaitement viable. Arrachez-le à cet environnement et il y a un
grave problème de survie à court terme. Mais c’est la même chose par exemple pour
un malade dépendant d’une dialyse. Privez-le de sa dialyse et le malade n’est
plus viable à court terme. On peut donc le tuer ? Poser la question est
déjà y répondre. Dire qu’un enfant n’est pas viable et qu’on peut donc l’avorter
est un mensonge. Car l’enfant – dans la grande majorité des cas – est viable
peu importe son stade de développement. Les cas qui font exception sont des cas
de maladie grave mettant la vie utérine en danger. Mais dans la plupart de ces
cas, l’enfant meurt naturellement et la grossesse s’arrête d’elle-même.
Un variant de ce mensonge est d’affirmer que l’embryon n’est qu’un amas
de tissu cellulaire qui fait partie du corps de la femme et dont elle peut
disposer comme elle veut, comme dans le slogan un peu facile : « Mon
ventre m’appartient ! » Mais ce mensonge est un non-sens
scientifique. L’embryon n’est pas une partie du corps de la mère. C’est un être
humain à part entière qui « habite » neuf mois dans son corps.
Mais, objectent certains, c’est tout au plus un être humain potentiel.
Très bien. Qu’est-ce qui va transformer cet enfant en un être humain réel,
actuel ? La naissance ? Donc on avortera jusqu’à la naissance sans
problème de conscience ? Et que dire à Crick et Watson, et d’autres, qui
veulent aller au-delà de la naissance ? De quoi dépend si je suis un être
humain réel ? Une fois parti sur ce terrain, que reste-t-il de certitudes
à n’importe qui ? On peut dire qu’un ado est un vieillard potentiel. Mais
non qu’il est un être humain potentiel ! Un embryon est un ado potentiel,
si vous voulez le dire ainsi. Mais il est un être humain. Point. Il est vrai
que tout n’est pas encore en place dans son corps. Mais cela sera vrai jusqu’à
bien au-delà de la naissance. Par exemple, la puberté est cette période où les
organes de reproduction deviennent fonctionnels. Avant, on peut donc tuer cet
enfant ? Stéphane Mercier dans son cours de philosophie à l’UCL tant
décrié, suggère que dans ce cas, la ménopause deviendrait motif de
meurtre ! [5]
On prône aussi un autre mensonge : Si un enfant n’est pas désiré il
peut être avorté. Cela semble impliquer que l’on est (devient ?) un être
humain dans la tête d’une autre personne, mais est-ce vrai ? Lorsque ma
femme était enceinte de nos filles, qu’attendions-nous ? Comme tous les
couples, on parlait beaucoup de notre « quoi ? » à naître. Pour
nous aider à y voir clair, imaginons qu’au même moment, les voisins étaient
confrontés à une situation semblable. Sauf qu’eux ne désiraient pas cet enfant
qui était là (peu importe pour quelle raison). De quoi parleraient-ils en
mentionnant « ça » ? Nous, comme tant d’autres futurs parents, on
a parlé dès le début de notre enfant. On n’a jamais parlé de notre embryon, ou
de notre fœtus, ou d’une excroissance qui allait peut-être devenir autre chose.
C’était notre enfant ! Mais pour nos voisins (imaginaires !),
était-ce aussi leur enfant ? C’est très difficile à imaginer. Peut-on
vraiment se dire : « Tu attends notre enfant, mais on va demander au
médecin de le tuer » ? Qui peut tenir un tel raisonnement sans
devenir fou ? La solution est tout trouvée : on ne parle plus de l’enfant
à naître. A la place, il est devenu un problème à résoudre. On se donnera
raison en disant qu’un enfant non-désiré aurait une vie insupportable et qu’il
est bien plus humain (!) de le supprimer. De toute façon, il n’est pas encore
viable. Ce n’est qu’un amas de tissu, presqu’une tumeur. L’être humain deviendrait
donc seulement un être humain dans la tête de ses parents ? Il mérite
seulement de vivre quand il est désiré ?
C’est ce qui amène notre société qui danse sur sa tête à payer cher les
uns pour pouvoir avoir un enfant et à payer (moins) cher les autres pour
éliminer le leur. C’est une véritable schizophrénie sociétale.
Mais ne dites à personne que l’avortement tue un être humain !
Comparé à ce temps lointain où l’on affirmait, à tort, que l’avortement
clandestin causait des dizaines de milliers de morts, nos temps modernes sont
heureusement plus évolués et plus cléments. L’avortement ne cause plus guère de
décès. Sauf que ce n’est pas vrai. A chaque avortement il y a un mort. Il y a
au moins autant de morts que d’avortements !
L’avortement est donc un mensonge. Un mensonge qui tue. Un mensonge qui
a tué notre société en lui enlevant son âme. Un mensonge qui permet de se
couper de la réalité et de passer à autre chose, sauf qu’on vit dans un rêve …
ou dans un cauchemar. Ce mensonge permet de découpler la vie amoureuse de la
vie parentale. Il permet de jouir en laissant au carreau l’enfant, et donc, l’avenir.
Oui, mais tout cela est-il aussi important que ça ? Cela
dépend ! Si votre objectif est de bâtir un monde immoral sans avenir, ne
vous inquiétez pas : tout va bien ! Si vous préférez un monde sans
justice dans lequel les puissants peuvent se permettre d’exploiter et d’éliminer
les plus faibles ou les gênants, ne vous inquiétez toujours pas : tout va
bien ! Si vous voulez un monde stérile et orwellien où tout le monde finit
esclave ou mort, sauf les élites bien entendu, parfait ! Si vous aimez un
monde où le crime profite, où la cruauté gagne et où les pires abjections
bénéficient aux survivants, très bien. Notre monde y arrivera et plus vite qu’on
ne le croit.
Vous voyez, une société est toujours le reflet du sort qu’elle réserve
aux plus faibles. Et il n’y a pas plus faible, plus vulnérable, plus fragile
que l’être humain en devenir. Pour n’avoir pas voulu le comprendre, notre monde
est en train de vivre sa chute dans l’abime, une chute toujours plus rapide et
dont aucun retour n’est envisageable. Un monde où la vie humaine n’a plus de
valeur, où elle n’est plus sacrée, est un monde en voie de disparition. Le
sacrifice humain a toujours été l’une des dernières étapes avant l’implosion
finale.
Une des conséquences amères de cet état de choses est que nous sommes
la génération qui, pour la première fois de l’histoire, est à même de faire l’amour
sans courir le risque de faire un enfant ! Nous sommes la première
génération qui a réussi à découpler sexualité et procréation. La contraception
a permis cela, même si c’est loin d’être un bien sans partage. Et pourtant, on
n’a jamais autant avorté ! [6]
Les statistiques sont à faire froid dans le dos. Des dizaines de millions d’enfants
ont fait les frais de cette frénésie mortifère, et le compteur insatiable
tourne. Mais malheur à quiconque ose remettre en question cette boucherie dans
laquelle l’homme s’en prend à son semblable.
Le mensonge de l’avortement est un révélateur de destin. Il n’est pas
simplement un mensonge de plus. Il représente le tournant définitif que la
société n’aurait jamais dû prendre. Il n’est pas simplement un péché personnel
répété jusqu’à la nausée. Il est un choix de destin de tout un pays et, comme dans
un jeu de dominos diabolique, du monde entier. Légitimer et légaliser ce
mensonge fait basculer toute une société dans l’horreur du mal. La haine du
plus petit condamne le monde des plus forts. Mais celui-ci n’a même plus
conscience de sa damnation. Il fonce dans les ténèbres en se croyant le digne
fils des lumières. Le « ce que vous avez fait au moindre de mes
frères » demeure un des critères d’évaluation les plus pertinents de la
vie et de la société humaine. Et notre monde moderne ne pense même pas se déplacer
pour l’examen.
Nos pays ont voté en faveur de l’avortement depuis bien des années. L’avortement
y est donc légal. Il est devenu un droit, voire un droit humain. Ce que je
viens d’écrire ne remet pas cela en question. Seule une autre majorité
parlementaire peut faire cela, et il semble hautement improbable que cela
puisse encore arriver de ce côté-ci de l’éternité. Mais on peut avoir des
surprises. L’Etat du Texas a décidé cette année d’interdire l’avortement
au-delà de six semaines de grossesse. A l’heure où j’écris, la Cour suprême des
Etats Unis vient de confirmer cette décision, au grand dam des pro-avortement.
Le président Biden s’est servi à cette occasion d’une expression hautement
significative. Il vient de dire que cette décision porte atteinte à l’état de
droit. Autrement dit, l’arrêt Roe contre Wade de 1973 aurait créé un nouvel
état de droit. Dans un sens très général, c’est bien sûr l’effet de toute
décision judiciaire. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit, car dans ce même
sens général, une décision judiciaire peut aussi être renversée. Non, ici on
est très proche de ce qui se passe en Europe où le droit à l’avortement est
proclamé être désormais un « droit humain ». Je peux me tromper, mais
j’ai l’impression que toute décision de renverser des valeurs judéo-chrétiennes
crée un « état de droit » absolu qui ne peut plus jamais être
remis en cause. La démocratie qui permet des changements de loi ne
fonctionnerait que dans un seul sens, et jamais en sens contraire. Mais dans ce
cas, ce n’est plus de la démocratie et le président Biden n’est pas un
démocrate. Dans ce cas, on n’est pas loin de la « démoncratie »,
comme l’avait nommé l’auteur C. S. Lewis.
Cela étant dit, un vote politique n’a pas et n’aura jamais le pouvoir magique
de transformer le mal en bien ou le bien en mal. Il ne faut pas confondre
légalité et éthique ! Une chose peut être en même temps un mal absolu et
pourtant un « bien » parfaitement légal. Nous vivons dans une société
qui a légalisé le mensonge de l’avortement. Mais nous ne devons pas pour autant
conclure que, de ce fait, celui-ci soit donc devenu moral. Il suffit de se
mettre en mémoire la légalité de la persécution des Juifs par l’Etat nazi et l’immoralité
absolue de cette persécution. Comme je viens de le dire, une chose totalement
immorale peut cependant être légale. Quand c’est le cas, l’état qui agit ainsi dit
quelque chose de lui-même et il faut considérer attentivement cette chose.
Un vote parlementaire n’est rien d’autre qu’un vote parlementaire. Sous
l’influence d’une philosophie dominante, un tel vote peut même aller contre l’intérêt
supérieur de l’État. Est-ce le cas des lois sur l’avortement ? Je le
crois.
Certaines décisions ressemblent au franchissement d’un seuil. Elles ont
une importance capitale pour l’avenir et déterminent le destin. Elles peuvent
être la porte d’un avenir heureux. Elles peuvent aussi plonger dans le malheur.
Elles peuvent durablement influencer notre raisonnement et porter atteinte à
notre capacité de jugement. L’abolition de l’esclavage fut une de ces décisions
positives. La légalisation de l’avortement est parmi les décisions qui a fait
basculer nos pays dans l’abime. Elle a même été la décision par « excellence »
qui a provoqué cela. Si elle a été l’aboutissement de bien d’autres mensonges
plus anciens, elle a aussi été la mère de bien d’autres mensonges. C’est comme
si on avait franchi un seuil. Désormais, il n’y aurait plus de limite à la
crédulité devant d’autres mensonges. C’est comme si un frein avait été relâché.
Comme s’il n’y avait plus désormais de limite aux couleuvres qu’on pouvait
avaler sans broncher.
La science médicale n’a guère bronché, pire, beaucoup de médecins ont emboîté
le pas à l’horreur. La politique avait suivi la manipulation sans crier au
scandale, s’insurgeant même contre le roi des Belges qui avait eu l’outrecuidance
de ne pas vouloir signer une telle loi. Avec le temps, même la religion
organisée avait fini par suivre le peuple manipulé. Vox populi, vox Dei,
non ?
Les choses n’en sont pas restées là. Comme aspiré par le vide, le mal
dévale la pente vers l’enfer avec une vitesse toujours plus vertigineuse.
Arrêter et aspirer la vie n’est pas assez. Il faut l’asservir, l’instrumentaliser,
la chosifier. Le commerce qui s’est développé autour de l’avortement permet de
mesurer cette chute. Il y a aujourd’hui un marché pour des embryons et pour des
parties d’embryon afin de nourrir les laboratoires de recherches. On a ainsi implanté
le scalp d’un bébé avorté sur une souris. On utilise les reins pour la
recherche sur les vaccins. Mais cela ne peut que devenir pire. On lit qu’on
« récolte » maintenant des organes sur des bébés toujours vivants. Le
Centre pour le progrès médical rapporte ainsi que le cœur de l’embryon à
avorter bat encore pour qu’il n’y ait pas de risque d’ischémie. On
écrit : « L’ischémie commence lorsque l’organe (les reins
principalement dans le projet GUDMAP de Pitt [l’Université de Pittsburgh]) est
coupé de la circulation sanguine. L’Institut national de la santé (NIH) définit
l’ischémie comme un “manque d’apport sanguin à une partie du corps”. Cela
signifie que les organes reçoivent toujours du sang provenant du rythme
cardiaque fœtal pendant la “collecte de tissus” ». On retarde aussi des
avortements afin de pouvoir « récolter » des bébés complets par
« naissance », parfois jusqu’au temps où le bébé est viable. Il est
ensuite tué par l’enlèvement de ses reins … Mais, au moins, on cherche à respecter
l’origine raciale des « donneurs » : 50% de blancs et 50% de
couleur … [7]
Ce qui est techniquement possible finira toujours par être moralement
permis. Quand les fondements sont détruits, il n’y a plus de limites. Mais cela
n’est pas sans conséquences sur les sociétés et les gens qui le permettent. Un
monde déshumanisé n’est pas viable à long terme. Il porte en lui son propre
jugement. J’y reviendrai au dernier chapitre.
[1] Par un ami, j’ai reçu l’extrait d’un échange entre l’un
de ses correspondants et le réseau social Linked-In. Le sujet était le climat.
En voici la conclusion : « J’ai fait appel en déclarant : “Je
continuerai à respecter les conditions d’utilisation et à ne publier que des informations
factuellement exactes.” Ils l’ont rejeté et m’ont dit que la publication d’informations
factuellement exactes n’était pas autorisée. » Nous voilà fixés.
[3]
Voir le développement physique ici : https://www.3dembryoatlas.com/blank.
[4]
Communiqué de presse Acpervie 30 juin 2018 sous la
plume du Dr François Volff.
[5]
Voir son argumentation ici : https://alternatio.blogspot.com/2017/04/lavortement-un-meurtre.html.
[6] Voyez les chiffres annuels ici.
[7] Cf. le blog de Jonathon Van Maren, https://www.lifesitenews.com/blogs/university-of-pittsburghs-organ-harvesting-practices-include-racial-quotas-for-minority-babies/?utm_source=featured&utm_campaign=usa