L’article suivant est paru
en novembre 2014 dans un magazine chrétien néerlandais, De Oogst. L’auteur,
Hans Frinsel, est missionnaire en Guinée Bissau, un pays à dominance islamique
d’Afrique occidentale. Il réagit à la guerre menée contre l’Etat Islamique en
Iraq et en Syrie. Il est encore plus actuel en ces jours qui suivent l’attaque
contre Charlie-Hebdo à Paris. J’y ai changé les références à la situation
néerlandaise contre des références plus générales à notre situation européenne.
“Tu
sais, on devrait te tuer !” Un jeune homme était devenu chrétien en se
détournant de l’Islam. C’est un membre de sa famille qui lui dit ces mots. Pas
avec colère. Même pas comme une menace. Il y avait plutôt du soulagement. Ils
n’avaient pas besoin d’aller jusqu’au bout dans les conséquences normales de
leur foi.
Pourtant,
malgré les bonnes intentions, ces mots contiennent une sombre menace, un
potentiel retenu de ce qu’est vraiment l’Islam.
Les
politiciens s’inquiètent de la radicalisation des musulmans. Ils aiment faire
une distinction entre les radicaux et “l’Islam modéré”. Ils ont besoin d’un
Islam modéré et sont prêts à la fabriquer de toutes pièces. Mais existe-t-il un
Islam modéré ?
Le
mot “modéré” nous donne un sentiment de calme. ‘Modérer, réduire, contenir à
l’intérieur d’une certaine mesure’. Mais de quelle mesure parlons-nous ?
S’il y a un Islam modéré, cela veut-il dire qu’il y a aussi un Islam originel
qui ne le soit pas du tout ? Un Islam modéré tient d’un tour de langage.
Bien sûr, il y a des mouvements
islamiques modérés, comme les Soufis, un mouvement mystique. Mais dans ce
mouvement, le Coran a une place moins exclusive, ce qui fait traiter d’hérésie ce
mouvement par d’autres musulmans. Il y a des musulmans libéraux qui ne prennent
pas vraiment au sérieux leur propre livre. Mais ils sont extrêmement prudents
dans leur manière d’en parler ! Il y a des musulmans modérés, mais il n’y
a pas d’Islam modéré. Quant à la frontière entre les musulmans modérés,
orthodoxes et radicaux, elle est plutôt floue.
Décapitations
Or,
voilà que l’Etat Islamique (EI) nous rend les choses plus faciles. Tout à coup,
le mal a reçu une identité claire. Cela convient bien à nos politiciens
occidentaux. Maintenant, ils peuvent opposer le reste de l’Islam, qui est “modéré”,
et l’EI. Les décapitations par l’EI choquent les ‘amis’ autant que les
‘ennemis’ et rendent beaucoup de gens malades. Obama mobilise une coalition
contre l’EI et veut y impliquer tant que faire se peut des états et des
mouvements islamiques “modérés”. Mais le problème est évident : l’Arabie
Saoudite fait partie de la coalition. Cela fait-il de ce pays un état
“modéré” ? L’Islam dans ce pays est tout sauf modéré. La Sharia y est
appliquée rigoureusement, et la décapitation comme punition y est tout sauf
inconnue, y compris pour des “crimes” que le reste du monde ne considère
absolument pas comme des crimes passibles de la peine de mort. Il y a une
tolérance zéro envers les autres religions. C’est justement ce pays qui exporte
des formes extrêmement orthodoxes de l’Islam qui sont en fait les salles
d’accouchement des extrémistes.
Belzébul comme allié ?
Au
Pakistan, un autre allié des USA, nous voyons comment la vie des chrétiens est
régulièrement mise en danger. En fait, ils sont pratiquement des hors la loi.
On voit la même chose dans bien d’autres états islamiques. Chaque année, beaucoup
de chrétiens meurent pour leur foi dans ces pays. Ils meurent parce que c’est
la loi, la sharia, ou sans que ce soit la loi, et sans pouvoir compter sur la
protection de la justice. L’Index mondial des persécutions, édité par Portes
Ouvertes, énumère les pays où sévit la persécution. [1]
Ces pays ne sont pas tous des états islamiques radicaux. Mais ceux qui pensent
autrement sont et demeurent des citoyens de second rang dans ces pays où
l’Islam détermine la loi. Au Soudan, une femme fut condamnée à mort, d’abord
parce qu’elle s’est mariée avec un chrétien, ensuite parce qu’elle était
devenue chrétienne à son tour.
Obama
veut impliquer l’Iran dans la coalition contre l’EI. Mais peut-on vraiment considérer
ce pays comme un état islamique “modéré” ? N’est-ce pas chasser les démons
par Belzébul ? L’Iran a ses propres intérêts pour combattre l’EI, mais
elle vise en même temps une toute autre fin que l’Occident. L’Iran est d’ailleurs
la force derrière le mouvement terroriste Hezbollah.
Retenu
Ce
que l’Occident appelle l’Islam “modéré” devrait en fait être décrit comme un
“Islam retenu”. En Europe, beaucoup de musulmans vivent en paix. Beaucoup parmi
eux n’ont d’autre ambition religieuse que de continuer ainsi. Mais l’Islam a
une autre ambition. Partout où se réveille le vrai Islam naissent radicalisme
et jihadisme. Les conséquences du “Printemps arabe” en sont la preuve. Il a été
accompagné d’un réveil islamique, et quel résultat !
Il
y a quelques années, des dirigeants modernes se plaisaient à souligner que le
Jihad n’était pas nécessairement un chemin de violence, mais surtout un combat intellectuel
pour la foi islamique. Aujourd’hui, nous voyons que c’est faux. Bien sûr que
l’on peut appeler Jihad la diffusion paisible de l’Islam, mais de nos jours, le
jihad et le jihadisme sont par définition un chemin de violence islamique. Le
Jihad et la violence sont sur la même longueur d’onde.
Une illusion
Tout
est concentré sur l’EI. C’est un mal qu’il faut combattre. Mais le mal se
résume-t-il à l’EI ? Dans un discours sur le combat contre l’EI, le
premier ministre britannique David Cameron a répété ce qui n’est qu’une autre
illusion occidentale politiquement correct : L’Islam est une religion de
paix. [2]
C’est un non-sens et une absurdité. Il voudrait ainsi suggérer qu’il y a une
ligne de séparation claire entre les extrémistes et “l’Islam modéré”. Une telle
ligne de démarcation est difficile – si pas impossible – à tracer, tout
simplement parce qu’elle n’existe pas. Bien sûr, il y a beaucoup de musulmans
qui aiment la paix, mais cela n’est pas grâce à leur religion, c’est malgré
leur religion. La paix de l’Islam consiste en la soumission de tout et de tous à
l’Islam. Il a donc une toute autre définition de la paix.
Toute
cette activité intense pour détruire l’EI, est-ce vraiment le bon chemin ?
Il y a à juste titre une grande inquiétude devant la croissance de l’extrémisme
islamiste dans le monde. L’Occident ne sait pas comment y répondre. C’est
pourquoi on essaie de le minimiser. “Il ne s’agit que d’un petit noyau dur, d’un
groupe restreint.” L’EI semble donner à cela une étiquette bien définie. Mais
on refuse de voir que le problème est autrement plus grand. Une grande
coalition, internationale et, surtout, impliquant des états arabes, devra
exciser cette tumeur de la communauté internationale. Mais il est naïf de
croire qu’ainsi le problème sera résolu. Au Moyen-Orient, on sait que la
question est bien plus complexe.
Des réseaux de terrorisme
Al-Sissi,
lorsqu’il était encore le ministre des affaires étrangères d’Egypte, avait
insisté auprès de son collègue américain John Kerry que l’on ne devrait pas se
limiter à l’EI, mais qu’on devrait aussi s’occuper d’autres réseaux terroristes
islamistes. Al-Sissi connaît bien mieux son petit monde que Kerry. Mais est-il
raisonnable de s’impliquer dans une lutte aussi complexe ? Quelles
organisations faudrait-il viser ? Lesquelles ignorer ? C’est le genre
de dilemme qui rend les pays européens frileux d’intervenir en Syrie et d’armer
des groupes de rebelles. L’EI était un de ces groupes. Fin septembre 2014, on
entendait qu’un autre groupe du même genre agissait en Syrie, les Khorasan. A
quels groupes islamistes peut-on se fier ?
Ce
fut le problème en Afghanistan. Dans leur combat contre les Russes, les
Talibans avaient été armés par les Américains. Mais une fois au pouvoir, ils se
sont révélés comme un régime islamiste cruel et radical.
Une fosse à serpents
Les
cruautés perpétrées par le Hamas ne sont pas très différentes des activités de
l’EI, et pas seulement contre Israël, mais aussi dans des luttes fratricides.
La vraie différence entre le Hamas et l’EI se résume à une campagne de
relations publiques bien plus subtile de la part du Hamas. Si nous suivions le
conseil d’Al-Sissi, nous devrions aussi combattre le Hamas. Mais dans nos
capitales européennes politiquement correctes, cela serait inacceptable. Le
Hezbollah, soutenu par l’Iran, est manifestement une organisation terroriste,
mais nous faudrait-il le traiter en allié maintenant que l’Iran est entré dans
la coalition contre l’EI ? Celui qui se mêle à la lutte contre les
extrémistes islamistes doit savoir qu’il pénètre dans une fosse à serpents.
Les
alliés que nous armons aujourd’hui pourraient bien se révéler être des menaces
énormes pour notre monde. Cela est dans la nature de la religion islamique.
Elle se servira d’alliances si cela est à son avantage, mais, en suivant
l’exemple de son prophète, elle brisera de telles alliances de traitre manière
si cela sert son but ultime : l’hégémonie mondiale de l’Islam. Par
définition, l’Islam est tout sauf démocratique, mais il se servira de la
démocratie tant que cela constitue la meilleure arme du Jihad. Il saura
l’échanger contre un Jihad de violence lorsque cela servira son but.
Naturellement, il y a des pays et des politiciens islamiques qui ne sont pas en
faveur d’un tel radicalisme, parce qu’ils jugent que les conséquences ultimes
de leur religion ne sont pas désirables. Mais leur confrontation au problème ne
fait qu’accentuer le dilemme.
Une démocratie sans force
Il
n’y a pas si longtemps, nous avons vu l’armée égyptienne intervenir pour
démettre son président démocratiquement élu et pour écarter du pouvoir les
Frères Musulmans. L’ancien premier ministre britannique Tony Blair, délégué
spécial de l’UE pour le Moyen-Orient, a exprimé son soutien pour cette action
non-démocratique du fait que les Frères Musulmans étaient en voie de s’inféoder
l’Egypte toute entière. Il est vrai que la domination absolue des Frères
Musulmans aurait eu des conséquences graves pour toute la région, et
certainement pour les chrétiens et pour tous ceux qui ne partageaient pas leur
point de vue. En même temps, c’est un exemple manifeste de l’impuissance de la
démocratie devant un Islam libéré.
Même
si on devait réussir à vaincre l’EI, le même problème ferait aussi vite surface
ailleurs, là où l’Islam se réveillerait. La violence occidentale contre les
excroissances islamistes, même avec le secours de musulmans, touchera toujours
une corde très sensible auprès des musulmans. La réaction des USA contre
l’occupation du Kuwait par l’Iraq dans la dernière décennie du siècle passé était
sans doute justifiée. Pourtant, elle a suscité auprès de musulmans orthodoxes, comme Oussama
Bin-Laden, une haine profonde contre l’Amérique, et ce, malgré le fait que
l’Arabie Saoudite et d’autres états islamiques aient soutenu l’Amérique.
L’attaque
du 11 septembre a été en plusieurs endroits une occasion de réjouissances
publiques parmi les musulmans “modérés” d’Europe. Cela aurait dû nous ouvrir
les yeux. Nous aimerions croire que les sympathisants de l’EI et les partisans
du Hamas criant “Mort aux Juifs !” soient une petite minorité parmi nos
musulmans européens. Nous refusons de reconnaître qu’il y a un radicalisme
latent, sous la surface, qui n’attend qu’une étincelle pour s’embraser dès que,
quelque part dans le monde, on se met à combattre les musulmans, qu’ils soient
des terroristes cruels ou non. La lutte contre l’EI est une guerre de religion
et beaucoup de musulmans le ressentent ainsi.
Un faux sentiment de
sécurité
La
racine du problème d’organisations comme l’EI, Boko Haram, Al-Shabaab,
Hezbollah ou Hamas n’est pas dans les personnes qui les constituent, mais dans
leur source d’inspiration : l’Islam. Ce que nous connaissons comme un
Islam “modéré” est en fait un Islam “retenu”. Chaque fois que l’on se met à
suivre cette religion jusqu’à ses dernières conséquences, ce genre de
mouvements en sont le résultat. Dans notre monde moderne, certains pays et
mouvements islamiques font que l’Islam est “retenu”, parfois par considérations
pragmatiques et politiques, parfois aussi parce qu’on est mal-à-l’aise devant
les conséquences ultimes de sa propre religion, comme dans l’exemple cité au
début de cet article.
Dans
nos pays occidentaux, l’Islam se retient parce que cela permet de se créer plus
d’espace politique et social. Mais cela inspire un faux sentiment de sécurité à
notre société.
Un danger latent
Les
musulmans forment-ils une menace ? Non, mais un danger latent se cache
dans leur religion. Faut-il combattre l’EI de manière violente, comme la
coalition est en train de le faire ? Jusqu’où ? C’est un dilemme
difficile qui nécessite des décisions pénibles de la part des gouvernements et
des dirigeants politiques, du fait du grand danger couru par tant de gens. Mais
en tant que chrétiens nous savons que la seule réponse à cette religion de violence
est l’amour de Christ.
Comment
est-il possible de montrer l’amour de Christ en cette situation ? Bien sûr
que nous devons venir au secours des chrétiens et d’autres qui doivent fuir
pour leur vie, et les accueillir généreusement. Au Nigéria et dans la
République Centrafricaine, les chrétiens commencent à donner aux musulmans la
pièce de leur monnaie. C’est un chemin funeste, à l’opposé du chemin du Christ.
Mais nous devons comprendre la menace constante sous laquelle vivent ces
chrétiens, face à des musulmans fanatiques qui n’hésitent devant aucune
cruauté. Prions-nous pour eux ? Souffrons-nous avec eux ?
Tout près
Ne
pensons pas que ceci est encore très loin de nous. Ces choses s’approchent de
nous. Plus l’Europe est impliquée dans l’imbroglio de la lutte dans le monde
islamique, plus cette violence s’approche de nos portes. Nous trouvons
difficile de nous imaginer autre chose que la paix. Mais le temps est au
changement. En Europe aussi, la paix sera enlevée. Quelle sera notre réaction
quand nos petites vies faciles, protégées et luxueuses se trouveront
cruellement mises sens dessus dessous par un Islam qui refuse d’encore se
retenir ?
Notre
vie tourne autour de quoi ? Qu’est-ce qui remplit notre cœur ? Le
défi en cette nouvelle situation sera : Pourrons-nous vivre et apporter
l’amour de Christ autour de nous ? C’est la seule arme contre laquelle
l’Islam n’a pas de réponse.
Hans Frinsel
Puis-je vous suggérer la vidéo suivante par Wafa Sultan, une psychiatre américaine d’origine syrienne “Le problème, c'est l'Islam” : https://www.youtube.com/watch?v=RFN8ahYN1b0
[2]
Aujourd’hui, juste après l’attaque contre Charlie-Hebdo, on entend cela
partout. Mais pour vérifier l’affirmation, il suffit de se demander dans quel
pays islamique au monde règne la paix et le respect des croyants d’autres
religions. Il suffit de poser la question : Que se passe-t-il si un membre
d’une famille musulmane devient chrétien ? Presque partout, il risque la
mort. (EE)
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