Quelques remarques en marge des élections françaises de ce dimanche.
1. Une élection coûte cher. Est-ce que cette dépense est
réellement justifiée ? Non, je ne me lance pas ici dans un commentaire
anti-démocratique. Mais, comme plusieurs parmi vous, sans doute, je prends acte
que dès 20h, les instituts de sondage et autres nous ont livré le résultat
remarquablement exact de ces élections, avant même qu’on ait reçu grand-chose comme
résultat. Et si, à l’avenir, on se suffisait d’une estimation ? Après
tout, dès 20h05, on parlait presque partout (Jean-Luc Mélanchon était une des
très rares exceptions) des résultats,
sans même attendre le résultat du comptage. La seule chose qui comptait était l’estimation,
fondée sur ce que les gens ont dit. Serait-il temps d’économiser la grande
messe des élections ?
2. Il n’est guère possible de considérer cette élection
autrement que comme le résultat d’un vol. “On” a volé l’élection à François
Fillon. Si, d’ici trois semaines, la justice conclut qu’il n’y a rien qui
puisse lui être reproché sur le plan judiciaire, que faudra-t-il conclure ?
Je ne dis pas qu’il ne s’est pas conduit comme un parfait idiot en acceptant le
travail de sa femme et de ses enfants, de surcroit grassement rémunéré, si la
chose est avérée. Dans ce sens, il a récolté ce qu’il a semé. Mais les deux
candidats du deuxième tour, ne sont-ils pas également
coupables ? M. Macron, n’a-t-il pas, très probablement, puisé dans la
caisse de son ministère pour lancer sa campagne ? Mme Le Pen, n’a-t-elle
pas des casseroles qui traînent au parlement européen ? Mais les média ont
voulu se payer Fillon sans avoir voulu se payer Macron. C’est troublant. Car
cela fait croire qu’en fin de compte, humainement parlant, ce sont les prêtres
du culte médiatique et leurs commanditaires qui déterminent l’issue des
élections. De là à dire que les dés sont donc pipés, il n’y a qu’un pas.
Faudrait-il le franchir ?
3. Il est devenu difficile de s’imaginer une campagne
électorale sans l’hystérie (organisée ?) des groupies hurlant à tue-tête
après chaque phrase, même la plus insipide, de leurs idoles. On connaissait
cela dans le monde de la musique et des sports, pas nécessairement réputés pour
leur exigence d’avoir un cerveau bien fait et de savoir s’en servir. L’adoration
réfléchie des mages a été échangée contre l’adulation effrénée des fans. Ce n’est
pas un progrès. Mais aujourd’hui il n’est plus envisageable de faire élire un
quidam sans grand renfort de groupies et de leurs drapeaux à l’identique. On se
croirait (presque) en Corée du Nord ! Comment ne pas voir les foules
déboussolées appâtées par des promesses et séduites par des discours les uns
encore plus vides que les autres ? Comment ne pas s’indigner devant la
manipulation et l’instrumentalisation froides et calculées des futurs
désillusionnés ?
4. Voilà un probable futur président, venu quasiment de
nulle part et qui n’a jamais passé par une élection avant celle-ci. Un orateur
passionné, un politicien millionnaire, un “beau gosse” charismatique et de
mieux en mieux entouré, puisque, comme toujours, rien ne réussit aussi bien que
le succès. Jusqu’où ira-t-il ? C’est que beaucoup verraient bien en lui le
sauveur apte à embellir, voire à garantir l’avenir. Voici un Européen avoué, mondialiste
enthousiaste, promettant de guérir la France de ses clivages antiques et de
nous conduire vers un avenir meilleur. Que demande encore le peuple ? Un
nouveau Napoléon, a clamé quelqu’un. Avec une même tendance à se faire boucher
des hommes ? Un Führer à la française, racé, policé, totalitaire et
orgueilleux à volonté ? Cela, nous ne pouvons encore le savoir, bien sûr.
Il sera peut-être très bien. Ou très mauvais. Ou très quelconque. Mais il vient
dans un monde prêt à suivre l’Homme providentiel, et de moins en moins capable
de discerner entre le bien et le mal et de plus en plus apte à plébisciter jusqu'à l'Antichrist. Pour un temps aussi dangereux, aurait-on
dû espérer quelqu’un d’autre ?
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