Voici deux articles pour s'en rendre compte.
Merci au service presse du CPDH qui nous déniche ses articles !
Dans le premier article, j'ai augmenté légèrement les notes selon les liens indiqués.
Le Transhumanisme : l’homme
dans la tourmente
Le Transhumanisme
Les plus illustres scientifiques croyaient en une entité supérieure, une
intelligence qui dictait les phénomènes découverts. Plus ils
entraient dans cet univers que seul un esprit pourvu de questionnements pouvait
sonder, plus ils se confortaient dans une foi. Ils étaient fascinés par ce qu’ils
observaient et il n’y avait rien de plus fort que la croyance en un Dieu
créateur pour soulager la fièvre que provoquaient ces découvertes. Éclairés par
cette cause première de toutes choses, ils ne cessaient de s’émerveiller de ce
que la nature soit intelligible à l’homme. Nicolas Copernic,
Johannes Kepler, Galilée, William Harvey, Robert Boyle, John Ray, Isaac Newton,
Louis Pasteur, William Thomson Kelvin et Albert Einstein nous ont apporté la
vision actuelle de notre environnement et pourtant, tous croyaient en Dieu.
Au début du XXème siècle, la sécularisation [1]
apparaît sous la pression d’une forte expansion scientifique – la religion s’efface
en emportant avec elle l’humilité qu’elle conférait à ceux qui découvraient.
Des scientifiques comme Haldane amorcent des idées où l’homme pourra
contrôler son évolution en réalisant des mutations génétiques grâce à la
fécondation in vitro – nous goûtons à l’ère industrielle qui nous propulsera
jusqu’à aujourd’hui. En 1932, Aldous Huxley entr’ouvre une porte au grand
public sur des idées dystopiques d’une société anesthésiée par le progrès
scientifique avec l’apparition de son célèbre ouvrage : Le meilleur des
mondes. Fin des années 60, de nouveaux mouvements religieux (NMR)
comme l’astrologie, voyance, réincarnation, télépathie, expérience de mort
imminente, pratiques spirites, groupes syncrétiques d’origine orientale
(néo-bouddhisme, néo-hindouisme), New Age, etc. voient le jour.
Est-ce un hasard si c’est à cette même époque que Julian Huxley
(biologiste et frère d’Aldous Huxley) nous a fait découvrir le mot
transhumanisme ? Cette philosophie avait son autoroute toute tracée
pour venir s’implanter dans notre quotidien. Nous pouvons penser qu’avec
la perte d’humilité, scellée par la religion dans le cœur des plus curieux de l’époque,
l’homme s’est découvert créateur. Il est convaincu de sa singularité et se crée
une foi – celle de lui-même. Les outils qu’il façonne à l’aide des
sciences vont tordre l’espace-temps, bouleverser son habitat et propulser sa
propre condition vers un éclatement qu’il ne contrôlera plus.
Cet emballement est à l’image du monde qu’il a fait naître – un monde
des finances qui étouffe la condition humaine où l’essentiel est oublié : être
libre. Cette folle envie inconsidérée de tout maîtriser nous
emprisonne dans un individualisme – charriant notre égo nous abîmons notre
condition humaine.
Cependant, le transhumanisme des années 70, individualiste et
libertarien, a évolué pour devenir aujourd’hui sensible aux aspects sociaux,
sanitaires et environnementaux [2]
– technoprogressisme ou transhumanisme démocratique. Ce mouvement
transhumaniste même sous une forme modérée qu’une partie du milieu médical
favorise, va nous conduire sur le chemin du libre échange du corps et de l’esprit
: le posthumain.
Aujourd’hui
Nous sommes familiers aux idées d’une augmentation des performances et
ces derniers temps le mot transhumanisme ne nous est plus étranger. Une
société qui reconnaît le premier – le meilleur – mais jamais le deuxième, une
société qui nous rend angoissés par les frustrations du perdant, génère une
fuite du réel vers un monde artificiel que nous pouvons maîtriser en étant le
meilleur.
Cette frénésie, qui soulage la souffrance de ne pas pouvoir exister
suffisamment dans le monde réel, nous ôte le lien social – nous nous enfonçons
dans un artefact de la vie à coup de réseaux sociaux, jeux vidéos, écrans
simulant la réalité, achats en ligne, télétravail, etc. Nos politiques nous
tournant le dos, ce sont les GAFA [3]
qui se présentent à nous – devenus hétéronomes [4]
à leurs technologies, nous fabriquons avec ces outils notre bonheur artificiel.
Aujourd’hui, penser co-évoluer avec ces techniques ne nous paraît pas
extraordinaire et pour nous en convaincre, considérons la liste ci-dessous :
Prolongation de la vie,
Amélioration physique,
Amélioration cognitive,
Biométrie,
Amélioration émotionnelle,
Téléchargement de l’esprit,
Ingénierie génétique, biologie de synthèse,
Création de tissus,
Nanotechnologies, augmentations, implants, puces,
Intelligence artificielle,
Robotique,
Exploration de l’espace,
Réalité virtuelle, augmentée, mixte,
Informatique Quantique,
Nourriture synthétique – légumes modifiés,
Blockchain,
Clonage.
Amélioration physique,
Amélioration cognitive,
Biométrie,
Amélioration émotionnelle,
Téléchargement de l’esprit,
Ingénierie génétique, biologie de synthèse,
Création de tissus,
Nanotechnologies, augmentations, implants, puces,
Intelligence artificielle,
Robotique,
Exploration de l’espace,
Réalité virtuelle, augmentée, mixte,
Informatique Quantique,
Nourriture synthétique – légumes modifiés,
Blockchain,
Clonage.
Êtes-vous catastrophés ?
Prenons de la hauteur et évaluons le temps qu’il nous a fallu pour
passer de ces idées folles à leurs concrétisations sur l’échelle de l’humanité. Je
vous invite pour cela à faire un focus sur une période de la vie d’un homme;
nous y sommes presque !
Continuons à zoomer et vous voilà en 2008, au moment de souffler vos 51
ans (si vous êtes né (e) en 1957) – c’est ce temps-là qu’il a fallu pour
arriver à cloner des embryons humains à partir de cellules de peau [5]. Cet
exemple, représentatif de la rapide évolution de ces idées transhumanistes,
nous semblait incontestablement faire partie d’une fiction cauchemardesque :
nous sommes face au clonage reproductif où l’égoïsme est sublimé.
Maintenant, imaginez la même évolution sans les « lock-in » [6]
de l’époque : bienvenue chez les GAFA. Car, au moment
même où nous philosophons, Facebook et son PDG Mark Zuckerberg viennent d’annoncer
lors de leur conférence annuelle les différents projets en développement et
notamment : une interface cerveau-machine. [7] Comprenez
que nous sommes en plein cœur de cette course technologique qui permettra d’augmenter
l’homme et de diffuser encore un peu plus les idées transhumanistes dans notre
vie quotidienne – Ray Kurzweil et la Singularity University [8],
Facebook et le B8 [9]
en sont les plus représentatifs.
Hier, le transhumanisme comme pensée idéologique sur l’amélioration de l’homme
devient aujourd’hui un courant politique, économique et financier. Et
il n’est pas seulement à craindre pour l’humanité mais aussi pour notre
environnement : l’ensemble commence déjà à vaciller. Car
même si les plus climato-sceptiques ont l’argument lourd pour déresponsabiliser
l’activité humaine sur les bouleversements environnementaux, on observe une
accélération des catastrophes (tsunamis, ouragans, canicules, séismes, Ebola,
etc.). [10]
Dans tous les cas, il y aura un besoin phénoménal en énergie que nous ne
parviendrons pas à obtenir sans aggraver la situation.
Nous sommes dans une mauvaise dynamique; tout du moins nos élites :
« l’hyperglobalisation
a donc transformé l’économie mondiale en un système géant hautement complexe
qui connecte et décuple les risques propres à chacun des secteurs critiques
[…]». [11]
L’environnement, l’énergie et l’humain sont au bord d’un predicament [12].
Demain
Interconnecté, élaboré sur le même modèle et charriant notre
anthropodicée [13],
l’homme se dirige vers une bouffissure artificielle – un monde structuré par
des algorythmes.
Le monde dans lequel nous vivons s’est construit depuis le début du
XXème siècle (ère industrielle) sous une nouvelle forme : la mondialisation.
Loin des tentatives d’unification de Charles Quint et décriée par les
altermondialistes, elle a su s’imposer comme modèle économique. Ce phénomène a
eu un impact multiple : culturel, politique, géographique et sociologique.
« La mondialisation est inéluctable et irréversible. Nous vivons déjà
dans un monde d’interconnexion et d’interdépendance à l’échelle de la planète.
Tout ce qui peut se passer quelque part affecte la vie et l’avenir des gens
partout ailleurs. Lorsque les mesures à adopter ont évolué dans un endroit
donné, il faut prendre en compte les réactions dans le reste du monde. Aucun
territoire souverain, si vaste, si peuplé, si riche soit-il, ne peut protéger à
lui seul ses conditions de vie, sa sécurité, sa prospérité à long terme, son
modèle social ou l’existence de ses habitants. Notre dépendance mutuelle s’exerce
à l’échelle mondiale […] » [14].
Comprenons que nous sommes de plus en plus cantonnés au périmètre
délimité par de puissantes holdings. La finance vient d’actionner le levier
idéologique du transhumanisme pour investir la révolution industrielle [15] qui
a déjà commencé. Seulement, si la spéculation est trop forte, le sort de l’humain
risque de voler en éclat.
Demain, notre pensée sera déposée dans une clé USB [16],
uploadable, nous pourrons ainsi changer d’enveloppe ou encore diffuser notre
pensée dans la toile interconnectée qu’on nous aura tissée.
Ne vous méprenez pas, les GAFA mettent énormément d’argent et d’énergie
pour y parvenir : neurone formel, perceptron, etc. sont des sujets
exploités. [17]
Cependant, il nous faudra dépasser ce qui fait de nous des humains pour
accepter ce monde artificiel : la critique et le désir d’être libre.
L’homme dans la tourmente
Qu’est-ce que l’homme, au sens intergenre ? Pour répondre à cette
question, il faut avoir le cœur sensible au mouvement humaniste. Nous nous
définissons « homme » par notre humanité et c’est cela même qui nous fait nous
interroger sur les risques de cette transhumance. Pierre angulaire des
mouvements traitant d’éthique, la question de savoir si nous allons perdre
notre humanité est au centre de la tourmente.
L’humanité désigne une vie qui conscientise sa condition d’être; libre
et critique – l’homme en représente toutes les caractéristiques. Ce modèle ne
sépare pas le corps de l’esprit comme l’envisage le transhumanisme. « L’”Homme”
n’est pas une “nature” ou une “essence”. Il est la cristallisation généalogique
provisoire et instable d’une forme de vie en évolution (…)» [18].
Le gnosticisme [19]
considère le corps et la vie terrestre comme une prison dont l’homme doit se
libérer pour être sauvé. C’est de ce postulat ésotérique que le mouvement
transhumaniste base ses idées les plus dangereuses.
Si nous reprenons l’exemple de la reproduction de la conscience,
actuellement, avec la duplication des neurones formels sous des modèles
mathématiques complexes, il n’est pas possible de créer une conscience sans
considérer dans son ensemble le cerveau (la matière) et la pensée – des
interactions entre les deux sont observées. Pour les chercheurs les plus
vigilants, il est possible de créer une structure qualitative du vécu mais sans
obtenir une conscience [20].
Malheureusement, c’est avec des artefacts comme décrits précédemment que
le transhumanisme veut construire un futur artificiel.
Ne sous-estimons pas ce mouvement transhumaniste qui par une idéologie
scientiste et futurologiste opère une dissociation de la pensée et du cerveau :
il est en passe de brouiller la frontière entre le réel et l’artificiel.
Cependant, il ne tient qu’à nous de nous informer, nous instruire et d’échanger
sur le phénomène posthumain car en définitive nous sommes déjà dans la
transhumance.
Nous ne devons pas non plus avoir une vision chaotique de notre futur –
nous observons une recrudescence de mobilisations sur l’éthique liée à l’impact
des nouvelles technologies sur l’humain.
Le fait que des espaces de dialogue – comme celui que vous êtes en train
de lire – existent, est un exemple d’espoir. Alors, si notre cœur nous
insuffle, encore, le sens critique et le goût de la liberté – interrogeons-nous
et agissons.
Nicolas
BERNARD
[1] Sciences Humaines : Les métamorphoses des croyances
religieuses.
[2] IEET (Institut pour
l’éthique et les technologies émergentes).
[3] GAFA,
ou GAFAM,
acronyme constitué des géants les plus connus (Google, Apple, Facebook, Amazon,
Microsoft).
[4] Hétéronomie: le fait qu'un être vive selon des règles
qui lui sont imposées, selon une "loi" subie. L'hétéronomie est
l'inverse de l'autonomie, où un être vit et interagit avec le reste du monde selon sa nature
propre.
[5] Revue La Recherche n° 417, mars 2008.
[6] Lock-in : la réalisation d’une dominance au niveau d’une
technologie particulière ou d’un produit.
[8] Singularity university is a global community using exponential technologies to tackle the
world’s biggest challenges.
[9] Facebook – B8 : Building 8 at Facebook is focused on building
new hardware products to advance our mission of connecting the world. We bring
together world-class experts to develop seemingly impossible products that
define new categories. We drive innovation in augmented and virtual reality,
artificial intelligence, connectivity and other important breakthrough areas. Our
teams move fast, with aggressive and fixed timelines.
[10] Catastrophes naturelles : Bilan statistique des
catastrophes naturelles survenues dans le Monde entre 2001-2015.
[11] Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer, coll. anthropocène ed. Seuil,
[12] Predicament Revue Acropolis: L’effondrement de notre
civilisation industrielle.
[13] Anthropodicée : néologisme calqué sur théodicée pour
désigner une philosophie dans laquelle l'homme a pris la place occupée par Dieu
dans la philosophie classique.
[14] Zygmunt Bauman. Sociologue. Il était professeur émérite à l'université de Leeds. Il
est un des principaux représentants de l'École postmoderne.
[15] Rapport Mady Delvaux – La révolution industrielle.
[18] Jean-Marie Schaeffer, La Fin de l’exception humaine,
Paris, Gallimard, 2007. Cité in Pour une histoire naturelle de l’homme [archive],
compte-rendu de lecture sur La Vie des idées.
[19] Gnosticisme : Les thèses gnostiques. La gnose (du grec
gnosis = connaissance révélée) est une doctrine ésotérique, proposant à ses
initiés une voie vers le salut par la connaissance de certaines vérités cachées
sur Dieu, le monde et l'homme. Dans ces théories, l’homme est un être divin,
qui par suite d'un événement tragique, est tombé sur terre d'où il peut se
relever pour retourner à son état premier par la Révélation.
[20] Christophe Habas, conférence publique – Nantes : Le Transhumanisme avec Le
Grand orient de France.
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Un
ovaire imprimé en 3D a permis la naissance de bébés souris
Marie-Céline
Jacquier, Journaliste
Publié le 17/05/2017
Des souris stériles, chez qui un ovaire imprimé
en 3D a été implanté, ont donné naissance à des bébés souris en bonne santé. Une
première étape avant de fabriquer des ovaires artificiels pour des patientes
souffrant d’infertilité...
L’impression 3D fait
des prouesses : certains s’en sont servis pour imprimer des oreilles, des os,
des muscles, du cartilage... Et voilà que des scientifiques proposent
maintenant de traiter des cas d’infertilité en
imprimant un ovaire artificiel.
L’expérience a été réussie chez la souris.
Dans la revue Nature Communications, les scientifiques
de l’université Northwestern, à Chicago, décrivent comment ils ont imprimé
de surprenants implants grâce
à une encre gélatineuse. Les matrices poreuses ainsi obtenues devaient servir
de support pour les follicules ovariens : les micropores de la matrice fournissent
un espace qui peut être rempli par un follicule. La taille et la localisation
des trous ont été pensées pour contenir des dizaines de follicules et permettre
aux vaisseaux sanguins de se connecter aux implants.
Les souris ont été ovariectomisées (on a retiré
leurs ovaires) et elles ont reçu les implants. L’ovaire artificiel
permettait la maturation des ovocytes in vitro et in vivo. La vascularisation a pu se
faire in vivo : les implants se sont raccordés à la
circulation sanguine en une semaine. Ils ont libéré des ovocytes matures de
manière naturelle à travers les pores de la structure gélatineuse, grâce à une ovulation normale.
La flèche montre le follicule dans la matrice imprimée.
© Laronda et al., Nature Communications 2017
La reproduction et l’allaitement ont lieu
normalement
Les ovaires de synthèse ont donc restauré la
fonction ovarienne chez les souris stériles, sans que des hormones n’aient
été données artificiellement aux souris. L’ovulation s’est
faite grâce aux hormones produites dans l’organisme de l’animal.
Sept souris se sont accouplées après avoir reçu
leurs ovaires artificiels ; trois d’entre elles ont donné naissance à des bébés
souris qui s’étaient développés à partir d’ovules produits
par les implants. Les bébés souris ont été allaités normalement
par leur mère et se sont même reproduits plus tard.
Pour l’heure, on ne sait pas si cette approche
fonctionnerait dans le cas de l’espèce humaine,
où les follicules sont bien plus gros. Mais ce travail franchit une nouvelle
étape pour permettre à des jeunes femmes d’avoir des enfants, notamment
après un traitement anti-cancer. En effet, une chimiothérapie et
de hautes doses de radiations peuvent détruire les ovocytes d’une femme; ces
traitements anti-cancer augmentent les risques d’infertilité ou de ménopause précoce.
Le premier tissu cardiaque synthétique et fonctionnel imprimé en 3D Des chercheurs de l’université d’Harvard, aux
États-Unis, ont créé un tissu cardiaque humain intégrant une puce associée à
des capteurs. Imprimé en 3D, l’ensemble permet de simuler des
dysfonctionnements et d’analyser l’efficacité et les conséquences d’un
traitement médical sur la durée.
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