Le drame d’hier à Christchurch en Nouvelle
Zélande a soulevé une grande indignation. Cela est normal. Une vie humaine est
sacrée :
“Et de même, de votre sang, qui est votre propre vie, je demanderai compte à toute bête et j’en demanderai compte à l’homme : à chacun je demanderai compte de la vie de son frère. Qui verse le sang de l’homme, par l’homme verra son sang versé; car à l’image de Dieu, Dieu a fait l’homme.” (Genèse 9.5-6 TOB)
Cependant, cette indignation – surtout occidentale
– soulève une question inquiétante : Pourquoi s’indigne-t-on pour des
morts musulmans dans une mosquée et ne s’indigne-t-on guère pour des morts dans
des églises chrétiennes au Moyen-Orient, et cela à répétition ? Puis-je
suggérer qu’une telle indignation sélective est immorale ?
Il y a quelque temps, pour les média déjà
une éternité, on s’est indigné pour les Rohingyas musulmans de la Birmanie.
Mais jamais on ne s’est inquiété de la persécution au moins aussi terrible des
Karens de Birmanie. Parce que ceux-là sont chrétiens ? Avec un ami, nous
avions envoyé images et rapports à la RTBF et à Euronews. Aucune réaction.
Aucune pitié. Malgré la belle devise d’Euronews, “All views”, certains points
de vue sont manifestement proscrits. Dans ce cas, l’indignation est immorale. Car elle est
une forme de racisme.
Pour nos politiciens en campagne
électorale, cette indignation est suspecte. L’infection électoraliste est trop
endémique dans leur milieu pour que leurs belles phrases soient autre chose que
du bla-bla-bla.
Tant que certains morts se comptent à l’unité
et d’autres en milliers, l’indignation est immorale.
Tant qu’on comptabilise les morts
palestiniens et qu’on tait les morts juifs, l’indignation est immorale.
Tant qu’on s’indigne devant des morts
musulmans et qu’on oublie des morts chrétiens et juifs, cette indignation est
immorale.
Tant qu’on verse des larmes de crocodile
devant les morts de Christchurch et qu’on continue à soutenir des régimes
tueurs de leurs propres compatriotes, comme l’Iran, l’Autorité palestinienne et
la Chine, l’indignation est immorale.
Tant qu’on essuie une petite larme devant
les 148 coups de fouet et les 10 ans de prison supplémentaires pour l’Iranienne
Nasrin Sotoudeh, avocate des droits des femmes, et que l’on offre en même temps une place à l’Iran au sein
du Comité pour la condition des femmes, une instance chargée de faire des
propositions sur tous les types de violences faites aux femmes [1],
l’indignation est immorale.
Je pourrais continuer. En est-il vraiment
besoin ? L’indignation ne peut être partielle en s’accompagnant de l’indifférence
morale la plus crasse. Elle ne peut se contenter d’un dosage homéopathique pour
les causes dont on préfère ne rien savoir. A géométrie variable, l’indignation
perd sa crédibilité et dévoile l’hypocrisie des indignés.
Triste.
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